Afrique de l'Ouest: Double imposition - «Nous payons des impôts en France et nous contribuons déjà au développement du Mali»

Bamako a annoncé mardi soir, conjointement avec Niamey, sa volonté de supprimer, dans les trois mois, la convention fiscale établie entre le Mali et la France. Cette convention permettait notamment d'éviter la double imposition des particuliers et de sociétés. Les Maliens de France, qui sont environ 100 000 selon les chiffres de l'OCDE, sont donc directement concernés.

Le message très politique de Niamey et Bamako, à l'endroit de Paris, est aussi économique. Pour les régimes nigérien et malien, il s'agit de combler « un manque à gagner considérable » pour les deux pays.

Or, si les conséquences économiques seront multiples pour les entreprises et les particuliers français qui y sont installés, leurs propres ressortissants installés en France devraient aussi être affectés. « Nous sommes inquiets. Il y a juste cette annonce qui a été faite, mais après, comment est-ce qu'ils comptent mettre ça en place ?, commente Niouma Cissoko, la présidente du Conseil supérieur de la diaspora malienne de France (CSDMF) au micro de RFI.

Aucune précision de Bamako sur les modalités d'application de cette mesure n'a en effet été donnée. Et celle-ci a véritablement pris de court les Maliens présents sur le sol français.

« Des ouvriers qui, pour beaucoup, vivent seuls, dans les foyers : ces gens-là paient des impôts en France, et ils aident aussi la famille restée en Afrique, poursuit Niouma Cissoko. Donc si, en plus de ça, il faut payer des impôts à l'État malien, je crois que ça n'est pas favorable. Personnellement, je suis surprise. Je pense que nous contribuons assez au développement du Mali. Il y a des organisations, par exemple, dans les foyers, qui développent leurs villages : ils construisent des écoles, des dispensaires, des hôpitaux... Ils contribuent, je pense, assez pour qu'encore, on vienne leur ajouter une charge ! Le risque, c'est qu'ils envoient moins d'argent [au pays, Ndlr], ou alors qu'ils se privent de certaines choses ici. La situation deviendra encore plus précaire. »

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Dans un précédent entretien sur RFI, Oumar Berté, avocat malien installé en France, également chercheur associé à l'Université de Rouen en politique et en droit public, redoutait le même effet, rappelant que « l'apport de la diaspora dans l'économie malienne [était] très important ». Pour lui, cette mesure est donc un « couteau à double tranchant ».

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