Bénin: Amnesty accuse le gouvernement d'expulsions illégales dans son programme de déguerpissement

Au nom de son programme et de l'embellissement de la ville, le président béninois Patrice Talon a fait partir des trottoirs et de certains quartiers ceux qui sont qualifiés d'« occupants illégaux » dans des expulsions forcées. Son opposition et l'opinion le critiquent pour ça, car 6 000 personnes ont été délogées, recense l'ONG Amnesty international dans un rapport publié jeudi 7 décembre.

Fiyégnon et Xlacodji à Cotonou, et Djègbadji à la périphérie de Ouidah sont les sites touchés par les déguerpissements initiés par le gouvernement de Patrice Talon pour « libérer les espaces publics et mettre fin aux occupations illégales ». Cela a commencé par les trottoirs avant de s'étendre aux quartiers, notamment ceux face à la mer ou à la lagune.

Les interventions qui ont fait le plus de bruit sont celles de Fiyegnon, près de l'aéroport de Cotonou, et Xlacodji, non loin du port. À cette dernière, les familles ont été délogées par les grues et sous surveillance policière.

De longs mois après, Jules Bessan Houssinou, porte-parole des sinistrés de Xlacodji, informe que « certains de nos citoyens dorment à la belle étoile jusqu'à ce jour, d'autres dans les salles de classes et le reste en location ».

Les anciens résidants de Fiyégnon, près de l'aéroport, racontent la même histoire. L'espace qu'ils ont quitté est devenu une jeune cocoteraie. ils reprochent au gouvernement l'absence de concertation et de préavis : « La population n'a jamais été associée du déguerpissement, poursuit Jules Bessan Houssinou. Les autorités auraient dû expliquer le mode opératoire rien dans ce sens n'a été fait. »

Des habitants d'au moins 200 maisons oubliés des relogements, certains doivent partager avec des inconnus

Le porte-parole du gouvernement botte en touche : selon lui, il y a eu préavis dans les délais et relogements, car les habitants de 357 maisons en auraient bénéficié. Il y a des oubliés, insiste Jules Bessan, qui a recensé les habitants d'au moins 200 maisons.

Dans un rapport publié jeudi et intitulé « Chassés pour planter des cocotiers », Amnesty International dénonce les conditions dans lesquelles se sont déroulées certaines expulsions forcées liées à des projets touristiques depuis 2021 : le tourisme dont le président Patrice Talon a fait l'un des axes de développement du Bénin.

L'organisation dénonce des manquements avant les expulsions, dans le processus de recensement et de notification, dans les indemnisations, et parfois dans leur déroulement, comme explique Fabien Offner, chercheur au bureau régional d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, qui évoque des conséquences graves et durables pour le quotidien des habitants concernés.

Selon Fabien Offner, certains délogés doivent partager les compensations ou les nouveaux logements avec des inconnus, et d'autres n'en ont rien reçu.

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