Ainsi donc, c'en est fini pour le G5 Sahel ! C'est le moins que l'on puisse dire. En effet, les présidents Mohamed Ould Cheikh el-Ghazouani de la Mauritanie et Mahamat Idriss Déby Itno du Tchad viennent de le mettre en bière.
Ils ont exprimé leur intention de mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires conformément aux dispositions de la convention portant création du G5 Sahel notamment en son article 20, portant dissolution de ladite organisation. Cela fait suite au retrait du Burkina Faso et du Niger, le 1er décembre dernier, de cette structure. Ces deux pays rejoignent le Mali qui avait annoncé son retrait depuis le mois de mai 2022.
La Mauritanie et le Tchad sont donc les derniers membres du G5-Sahel créé dans le but de lutter contre le terrorisme et le crime organisé dans la région. Après donc le retrait de ces trois pays qui se sont regroupés au sein de l'Alliance des Etats du Sahel (AES), l'organisation réduite au « G2 », n'était qu'une coquille vide, et les deux pays n'avaient d'autre choix que de prononcer « sa mort ».
Cela dit, la Mauritanie et le Tchad vont-ils rejoindre les trois « têtes brulées » ; étant donné que ceux-ci déclarent, dans un communiqué conjoint, qu'ils entendent poursuivre leurs efforts, avec tous les pays du Sahel, pour relever le défi de la lutte contre le terrorisme ? On attend de voir. Ayant en commun un mal commun, telle devrait être la démarche à adopter.
Cela dit, une autre équation à résoudre, serait la forme que pourrait prendre la nouvelle collaboration, quand on sait que la France qui n'est plus en odeur de sainteté avec les pays de l'AES, entretient toujours de bonnes relations avec les dirigeants mauritaniens et tchadiens. Pour l'intérêt de la région, il va falloir que les uns et les autres acceptent de surpasser leurs ego, et ne surtout pas oublier que les trois frondeurs que sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger, sont les plus touchés par le terrorisme. Même s'il est vrai, et il faut le reconnaître, que les armées de ces trois pays, ont travaillé à se mettre à niveau dans la lutte contre le mal.
Les yeux sont désormais tournés vers l'AES
Par ailleurs, depuis sa création, le G5 Sahel a toujours été perçu comme une organisation de lutte contre le terrorisme, alors qu'il regroupe un ensemble de projets structurants. Avec sa mort actée par les différents acteurs, que deviendront ces projets dont la mise en oeuvre profiterait aux populations ? Dans tous les cas, la disparition aujourd'hui du G5-Sahel, est un camouflet pour la France qui se doit de tirer leçon de son échec, en travaillant à changer de paradigme dans ses rapports avec ses partenaires.
Du reste, l'un des facteurs ayant aussi conduit à la mort du G5- Sahel, est le manque de financement. Et là, les responsabilités sont partagées. En effet, si beaucoup dénoncent l'hypocrisie des Occidentaux qui n'ont jamais voulu financer la force en question, les pays concernés ont aussi eu tort de toujours attendre des autres, ce qu'ils avaient la capacité de faire. Cela dit, le G5 Sahel étant mort et enterré, les yeux sont désormais tournés vers l'AES. Tirant leçon de l'échec du groupe des 5, il appartient aux souverainistes, de travailler à ce que le temps et les résultats leur donnent raison.