Lens Omelonga a passé 7 mois derrière les barreaux pour un retweet
La semaine dernière, les autorités ont libéré le membre de l'opposition Lens Omelonga de prison à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo. Il avait passé sept mois en détention pour avoir retweeté un post critiquant une fondation créée par Denise Nyakeru Tshisekedi, l'épouse du président congolais.
En mai, Lens Omelonga, 31 ans, coordinateur de la communication numérique pour le parti politique Envol, avait informé sa famille qu'il se rendait à une rencontre politique. Il n'est jamais rentré chez lui. Deux semaines plus tard, l'un de ses frères le retrouvait détenu à « 3Z », une prison tristement célèbre de l'Agence nationale de renseignements (ANR). Il a été transféré à la prison centrale de Kinshasa au début du mois de juillet.
Lens Omelonga a déclaré à Human Rights Watch que quatre agents de l'ANR en civil l'avaient interpellé après la réunion, puis l'avaient fait monter de force dans une jeep blanche avant de s'éclipser. Il a déclaré que c'est une fois en cellule qu'il a été informé être détenu pour avoir insulté la Première dame dans un tweet, retenu comme preuve qu'il était contre le gouvernement. Lens Omelonga leur a expliqué qu'il avait simplement reposté le tweet.
À l'issue d'un procès sommaire le 5 octobre, un tribunal a condamné Lens Omelonga à sept mois de prison, comprenant les cinq mois déjà purgés, pour avoir tenu des propos diffamatoires contre Denise Nyakeru. Il a également été condamné à payer 200 000 francs congolais (environ 80 dollars US) de dommages et intérêts. Lens Omelonga a déclaré qu'il n'avait pas les moyens financiers de faire appel du verdict.
Dans une lettre publique adressée à Human Rights Watch le 17 juillet, la Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi a déclaré qu'elle n'était « ni de près ni de loin liée à cette affaire ».
« Tous ces mois passés en détention ont été très éprouvants », a déclaré Lens Omelonga. « Je pensais à ma famille tous les jours. »
L'arrestation et la détention de Lens Omelonga ont été arbitraires et ont constitué une atteinte au droit à la liberté d'expression. Les lois pénales sur la diffamation qui ont un effet dissuasif sur la liberté d'expression devraient être abrogées. Les élections générales étant prévues dans tout juste deux semaines, tous les Congolais devraient pouvoir s'exprimer librement, y compris en ligne, sans craindre d'être arrêtés ou poursuivis.
Carine Dikiefu Banona, Chercheuse junior sur la République démocratique du Congo