La direction de la microfinance et de l'inclusion financière (Dmif) dirigée par M.Amadou Sarr est placée sous la tutelle du Ministère de la Microfinance et de l'Economie sociale et solidaire. Dans un entretien au « Journal de l'économie sénégalaise » (Lejecos), M. Sarr revient sur les missions de la Dmif, ses nouvelles orientations et son articulation avec les différents projets et programme. Entretien.
Monsieur le Directeur, vous êtes à la tête de la Direction de la Microfinance et de l'Inclusion financière (Dmif) depuis quelques mois. Pouvez-vous revenir sur vos nouvelles orientations et votre stratégie d'intervention dans l'écosystème financier ?
Je voudrais rappeler que conformément au décret N°2023-280 du 07 Février 2023 portant organisation du Ministère de la Microfinance et de l'Economie sociale et solidaire, la Dmf est devenue la Direction de la microfinance et de l'inclusion financière (Dmif).
La Dmif assiste le Ministre dans ses attributions définies dans le décret n°2022-1808 du 26 septembre 2022, notamment le développement et la promotion de la microfinance et l'inclusion financière.
Dans ce cadre, elle assure à la fois, la coordination de la politique générale du Gouvernement en matière de Microfinance, le suivi des activités et des opérations des intervenants du secteur, ainsi que l'évaluation des performances des projets/programmes.
À ce titre, elle est chargée, d'une part, de l'élaboration des politiques et stratégies sur le développement du secteur, de la coordination et de l'harmonisation des actions de promotion des différents intervenants dans le secteur de la Microfinance, et d'autre part, de la vulgarisation et de la mise en oeuvre la stratégie de développement de la Microfinance.
Par ailleurs, la DMIF a aussi pour mission générale de contribuer à la création d'un environnement favorable à l'émergence et au développement des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD), mais aussi, de coordonner les activités de concertation sur le secteur, nonobstant la charge d'assister le Fonds national de la microfinance (Fonamif) et les systèmes financiers décentralisés dans la mobilisation de ressources et de participer à la mise en oeuvre de la stratégie nationale d'inclusion financière.
De façon spécifique, la DMIF élabore et met en oeuvre la stratégie de développement de la Microfinance et participe d'une part, à l'encadrement des Systèmes Financiers Décentralisés (Sfd), et à la coordination et à l'harmonisation des procédures d'intervention des Sfd.
A cela s'ajoute la charge de créer un environnement favorable à l'accès des populations défavorisées à des services financiers de qualité, mais également, de favoriser l'intégration des Sfd dans le secteur financier global.
A cet effet, les défis identifiés au regard des orientations définies par l'État du Sénégal pour le secteur de la microfinance à travers la lettre de politique sectorielle de développement de la Micro finance et de l'économie sociale solidaire (Lpsd-Mfess)et la stratégie nationale d'inclusion financière (Snif) se résument ci-dessous :
contribuer à la politique de développement de l'inclusion financière ;
institutionnaliser les cadres de concertation et d'harmonisation des interventions pour une amélioration de l'environnement du secteur de la Microfinance ;
mettre en place un dispositif viable de renforcement des capacités institutionnelles et financières des Sfd ;
renforcer l'offre de services et de produits financiers adaptés au profit des jeunes, des femmes et des ruraux ;
promouvoir la politique de développement des produits innovants dans le secteur de la microfinance.
Les orientations sur lesquelles la stratégie de développement de la Dmif repose aujourd'hui prend en charge une correcte analyse des défis à relever, notamment :
le développement des capacités de la Dmif à travers un renforcement du dispositif d'intervention de la direction et la gestion du Programme budgétaire de microfinance au sein du Ministère ;
le développement d'une stratégie de soutien au secteur de la Microfinance à travers la réalisation d'études thématiques sur les grandes problématiques du secteur et le renforcement des capacités des acteurs ;
le renforcement du suivi du secteur de la Microfinance à travers la concertation du secteur via le Cadre national de concertation, qui a été institutionnalisé et doté d'un Secrétaire permanent et le suivi dans la mise en oeuvre d'activités définies dans le plan d'actions de la Lpsd du Ministère.
Au total, les orientations stratégiques sont alignées sur la Lpsd du département, notamment en ses axes :
Axe 1 « renforcement du sous-secteur de la microfinance pour l'optimisation d'une offre de services financiers inclusive » ;
Axe 3 « amélioration du cadre institutionnel, organisationnel et juridique de pilotage et de gouvernance du secteur ».
Quelle est l'articulation des activités de la Dmif avec les différentes politiques nationales (Lettre de politique sectorielle du Ministère de la Microfinance, Comité national de coordination des activités de la microfinance, Snif, etc.) ?
Cette articulation des activités de la Dmif est bien définie au niveau des défis et prise en compte à travers le point sur le renforcement du suivi du secteur de la Microfinance comme spécifié plus haut. Pour rappel, la Dmif était partie prenante du Comité technique en charge de l'élaboration de la Snif et de ce point de vue, est membre du Comité de coordination et de suivi de cette stratégie.
Dans le cadre de vos missions, la Dmif est notamment chargée de créer un environnement favorable à l'accès des populations défavorisées à des services financiers de qualité. Quel est le rôle joué par votre institution pour la facilitation de l'accès au crédit et singulièrement pour la baisse du taux de sortie des institutions de microfinance ?
Effectivement dans le cadre de nos missions, par rapport à la facilitation de l'accès au crédit, le Fonds d'impulsion de la microfinance a initié une étude sur les taux d'intérêt débiteurs appliqués à la clientèle. L'objectif principal est d'analyser et d'évaluer les principaux facteurs influençant le niveau des taux d'intérêt et de formuler des recommandations pour leur allégement.
A l'issue de cette étude, les résultats nous permettront de voir quels sont les leviers sur lesquels tous les acteurs du secteur de la microfinance pourront s'appuyer, pour apporter une ou des solutions à la baisse du taux de sortie des institutions de microfinance pour un meilleur accès au crédit.
Outre le volet services financiers, y - a-t-il un dispositif d'accompagnement et de renforcement de capacités que la Dmif déploie pour les populations (programme d'éducation financière par exemple) ? Quelles sont les actions menées dans ce sens et les perspectives ?
Effectivement, il existe bien au sein du ministère, sous le Programme Microfinance, un dispositif d'accompagnement et de renforcement de capacités.
A ce jour, le Fonds national de la microfinance a un partenariat avec l'Association Professionnelle des Systèmes Financiers Décentralisés du Sénégal (APSFD-SENEGAL), dans le cadre des formations diplômantes, pour l'octroi de bourses pour le Personnel des Sfd. Ces formations sont orientées sur les métiers de chargé de portefeuille et de responsable d'agence. Elles sont mises en oeuvre par l'Apsfd Sénégal et le Centre de formation bancaire basé en France.
Le Programme de promotion de la microfinance islamique est aussi en train d'exécuter un appui technique et institutionnel pour l'émergence d'un écosystème favorable à la microfinance islamique, aussi bien au niveau des Sfd que de la population.
En outre, le Fonds d'impulsion de la microfinance déroule aussi des sessions de formation au bénéfice du personnel des Sfd, et offre aussi une assistance technique pour les Sfd partenaires dans l'élaboration des outils de gestion, la révision comptable, et le renforcement du matériel informatique.
La Dmif, exécute à ce jour, un programme d'éducation financière en partenariat avec le Programme d'appui au développement agricole et à l'entreprenariat rural (Padaer II) dans les régions de Tambacounda, Kédougou, Kolda et Matam à raison de 30 sessions de démultiplication pour 600 personnes et 4 sessions de formation des formateurs.
Comme vous pouvez le constater, tout ceci vise à mettre en avant tout le dispositif d'accompagnement et de renforcement de capacités existant au sein du Ministère de la Microfinance et de l'Economie sociale et solidaire.
Il est prévu une révision de la réglementation applicable aux institutions de microfinance sous l'égide de la Bceao. Quelles sont vos principales préoccupations par rapport à cette nouvelle loi ?
Par rapport à cette nouvelle loi, on ne peut pas réellement parler de préoccupations en tant que tel, la Dmif a partagé ses observations par rapport à ses orientations avec les autorités en charge de la réglementation.