Au moment où la 28ème Conférence des parties sur le climat de l’ONU (COP 28) se poursuit à Dubaï aux Emirats arabes unis, des chercheurs réfléchissent sur la mise en place des solutions durables et à long terme en vue mieux de lutter contre les maladies tropicales négligées qui sévissent essentiellement dans des zones soumis à de multiples aléas climatiques notamment en Afrique Sub-Saharienne.
Dans une interview exclusive, Prof. Samuel Kariuki, responsable de l’Initiative africaine sur les Médicaments pour les maladies négligées (DNDI, sigle en anglais) dont le siège en Afrique se trouve à Nairobi au Kenya, a plaidé pour l'innovation au service des communautés les plus affectées par ces maladies infectieuses sensibles au climat sur le continent
Une nouvelle étude de l’Organisation mondiale de la Santé montre que les urgences sanitaires liées au climat sont en augmentation en Afrique, représentant plus de la moitié des événements de santé publique enregistrés dans la région au cours des deux dernières décennies.
Le rapport montre que les maladies à transmission vectorielle, notamment la fièvre jaune, représentent 28% des urgences sanitaires liées au climat. Dans le même temps, selon cette recherche, les maladies zoonotiques, en particulier la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, occupent la troisième place. Celle-ci est une maladie virale transmise à l’homme par les tiques et le bétail, dont le taux de mortalité peut atteindre 40%.
Alors que les chiffres officiels de l’ONU montrent que l’Afrique reste également aux prises avec d’autres impacts sanitaires importants liés aux chocs climatiques, notamment la malnutrition et la faim dues aux intempéries sur la production agricole, Prof. Kariuki estime primordial de mener des interventions de santé publique en vue d’accélérer les activités visant à prévenir, combattre, éliminer et éradiquer les maladies tropicales négligées sur le continent.
Pays endémiques
Parmi les interventions menées jusqu'à ce jour par DNDI, il y a notamment des essais cliniques visant à fournir des preuves scientifiques de l'efficacité, de l'innocuité et de la qualité de certains médicaments dont notamment la flucytosine qui est administré dans le traitement de la méningite cryptococcique.
Un autre comprimée, le fexinidazole par exemple, désigné comme premier traitement oral simple pour les deux stades de la maladie du sommeil à la trypanosomiase humaine africaine délivré par DNDI et ses partenaires en 2018, est désormais autorisé pour son utilisation dans tous les pays endémiques, selon la même source.
S'exprimant récemment en marge de la troisième Conférence Internationale sur la Santé Publique en Afrique qui s'est tenue à Lusaka, Zambie, Prof. Kairuki a souligné l'importance de la recherche dans la lutte contre les maladies tropicales négligées. "Ces maladies touchent plus d’un milliard de personnes dans les communautés les plus pauvres et leur épidémiologie en grande partie liée aux conditions climatiques notamment en Afrique Sub-Saharienne", a-t-il fait remarquer.
Alors que certains facteurs climatiques continuent de rendre la lutte contre ces maladies difficile en termes de santé publique, DNDi veut orienter ses axes d’interventions dans trois domaines clés dont notamment le développement de nouveaux médicaments et de nouveaux schémas thérapeutiques adaptés aux besoins des populations vulnérables en Afrique Sub-Saharienne.
Vecteurs d'agents pathogènes
A en croire la même source, outre le renforcement des capacités de recherche dans les pays endémiques pour les maladies négligées, un accent particulier sera mis dans le plaidoyer en faveur d’un changement de politique qui favorise un accès équitable aux médicaments et une orientation de la santé publique dans la recherche .
Une étude récente mise au point par un groupe de chercheurs a montré que L’Afrique de l’Est reste fortement touchée par les maladies tropicales négligées (MTN), qui devraient être exacerbées par le changement climatique.
Jusqu’à ce jour une feuille de route a été élaborée par l’Organisation Mondiale de la Santé en vue de combler les principales lacunes pour quelques 20 maladies tropicales négligées et de promouvoir l’équité et l’appropriation par certains pays en Afrique Sub-Saharienne.
Le DNDI a lancé le système de crédits compensatoires pour réduire les émissions de carbone de 50 % une mesure clé décrite dans le Plan de réduction des émissions pour 2030.
« En Afrique sub-saharienne, le climat plus chaud et plus humide continue de rendre le continent plus exposé aux vecteurs d'agents pathogènes débilitants et parfois mortels », a affirmé Prof. Kariuki.