Afrique: Le Nguon du peuple Bamoun inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco

Au Cameroun, le Nguon du peuple Bamoun a rejoint la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco en tant qu'ensemble de « rituels de gouvernance ». Le peuple Bamoun, c'est environ deux millions de personnes et leur capitale est Foumban. Il s'agit d'un sultanat influent sur le plan culturel et politique. Cette inscription est l'aboutissement d'un long processus.

Initiée par feu le Sultan Ibrahim Mbombo Njoya, promoteur de la culture Bamoun et cadre puissant du parti au pouvoir (RDPC), cela fait 17 ans, depuis 2006, que cette procédure était en cours à l'Unesco.

Une goutte d'eau pour un rendez-vous vieux de 600 ans. Car le Nguon, en résumé, c'est l'assemblée du peuple bamoun qui se déroule sous la forme d'une foire commerciale de plusieurs jours accompagnée d'événements culturels. Mais surtout, c'est durant ces rituels qu'a lieu le jugement du roi.

Descendu de son trône, jugé par les Fona'Nguon, les députés de la nation, qui, après avoir parcouru le royaume, viennent exposer les doléances du peuple bamoun. Si le roi est jugé apte à continuer, il remonte sur son trône. Si besoin, il doit s'acquitter d'une amende. Si non, il est destitué.

« Dans l'essence des sociétés africaines, il y a la démocratie »

Depuis le 14e siècle, dans les faits, ce n'est jamais arrivé. Mais comme l'impeachment aux États-Unis, ce qui compte, pour le politologue Moussa Njoya, biographe du Sultan défunt, c'est que le roi sait qu'il va être jugé. « Contrairement à ce qu'on pense dans les États africains modernes où le fait autoritaire supprime totalement les contre-pouvoirs, le Nguon nous permet de voir que dans l'essence des sociétés africaines, il y a la démocratie, des contre-pouvoirs au pouvoir du monarque qui n'est pas quelqu'un d'autocratique qui gouverne à sa guise », explique-t-il.

Pour le politologue, cette inscription du Nguon à l'Unesco revêt une symbolique particulière dans le contexte camerounais, car Ibrahim Mbombo Noya, bien que très proche du président Paul Biya, s'était prononcé de son vivant pour la limitation du nombre de mandats présidentiels et pour une meilleure préparation de l'alternance.

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