Civicus Monitor peint un tableau sombre des libertés civiques au Sénégal. Dans son nouveau rapport publié hier, mercredi 6 décembre 2023, la plateforme de recherche et d'évaluation des libertés civiques dans le monde révèle que, dans notre pays, «le respect des droits humains fléchit de façon spectaculaire sous le poids de la répression pré-électorale».
L'espace civique du Sénégal est désormais considéré comme «réprimé». C'est ce qu'a révélé le nouveau rapport de la plateforme de recherche et d'évaluation des libertés civiques dans le monde, Civicus Monitor, publié hier, mercredi 6 décembre et intitulé : «Le pouvoir du peuple sous attaque 2023». «Nos données montrent que le Sénégal a connu l'un des plus grands reculs en matière de libertés civiques de 2023 au monde (...) Autrefois, le Sénégal était considéré́ comme un modèle d'ouverture et de démocratie en Afrique de l'Ouest. Ce n'est plus le cas aujourd'hui», a affirmé la chercheuse à Civicus Monitor, Ine Van Severen, dans un communiqué qui nous est parvenu.
Parmi les causes du déclassement du Sénégal, Civicus Monitor pointe du doigt la restriction de l'accès à Tik-Tok et à l'internet mobile, la suspension de médias, l'arrestation du journaliste Pape Alé Niang mais aussi la dissolution du parti Pastef. «Les informations recueillies dans le rapport montrent que les libertés de réunion, d'association et d'expression se sont fortement dégradées au Sénégal durant l'année écoulée. Les forces de sécurité ont tué des manifestants de l'opposition dans les rues et ont emprisonné des critiques, notamment des journalistes et des militants, dans le but d'étouffer toute contestation dans le cadre d'une campagne électorale tendue», informe Civicus Monitor.
A moins de trois mois de la présidentielle au Sénégal, Civicus Monitor tire la sonnette d'alarme. «Les dirigeants et les alliés du pays doivent prendre des mesures immédiates pour que les citoyens puissent jouir des piliers de la gouvernance démocratique, notamment de manifestations pacifiques, d'une presse sans entrave et d'élections libres et justes», a fait savoir Ine Van Severen.
En effet, le rapport de Civicus Monitor décrit en détail l'état de l'espace civique dans 198 pays et territoires. Ce, à travers des «données recueillies tout au long de l'année auprès de militants de la société civile d'un pays, d'équipes de recherche régionales, d'indices internationaux en matière de droits de l'homme et de ses propres experts». «Cette année, Civicus Monitor a révélé que près d'un tiers de l'humanité, soit 30,6% de la population mondiale, vit dans des pays fermés. C'est-à-dire dans le contexte le plus restreint de tous. C'est le taux le plus élevé jamais enregistré depuis la parution du premier rapport de Civicus Monitor en 2018», lit-on dans le communiqué.
La même source ajoute : «En même temps, seul 2,1% de la population vit dans des pays ouverts, où l'espace civique est en même temps libre et protégé́ ; soit le taux le plus bas jamais atteint et deux fois moins qu'il y a six ans. L'ensemble de ces statistiques révèle un monde en crise».