Au Cameroun, la confusion règne toujours autour de l'enquête sur l'assassinat du journaliste Martinez Zogo. Après l'ordonnance de remise en liberté de deux des principaux accusés dans ce dossier, l'homme d'affaires Jean-Pierre Amougou Belinga et le patron des services de renseignements camerounais Maxime Eko Eko, du 1er décembre et finalement rétractée quelques heures plus tard au prétexte qu'il s'agissait d'un faux, l'affaire s'est nourrie cette semaine de l'irruption dans le dossier d'un nouvel acteur.
Ce nouvel acteur est Martin Stéphane Savom, maire de la petite commune de Bibey à 200 kilomètres environ de Yaoundé. Il avait déjà été brièvement entendu le 27 novembre par le juge d'instruction. Audition pas vraiment à son goût, puisqu'il s'en était ému par une lettre au président de la République : il disait alors ne rien comprendre des raisons de sa convocation dans cette affaire à laquelle il se dit totalement étranger.
Le juge d'instruction n'en a pas démordu pour autant. Le 4 décembre, il a de nouveau notifié le sieur Savom d'une nouvelle convocation pour le 6 décembre. Martin Stéphane Savom n'a pas déféré à cette dernière, pendant que des rumeurs évoquant son arrestation circulait sur les réseaux sociaux. Ces dernières ont été finalement démenties par l'intéressé lui-même.
Pourquoi cette irruption soudaine de ce personnage dans ce dossier ? Des sources proches de l'enquête révèlent que l'exploitation des téléphones de quelques personnes déjà inculpées a permis de mettre en relief les rapports de proximité entre ce maire, le secrétaire général de la présidence et Martinez Zogo, avec lequel il aurait échangé plusieurs fois jusqu'au jour de sa disparition.
Le faisceau d'indices et autres conforte les enquêteurs qu'ils tiennent peut-être une piste. Au même moment, certains font abondamment référence à un deuxième commando, dans la commission de l'assassinat du directeur d'Amplitude FM.
Ces développements sont aussi spectaculaires qu'inattendus et qui près d'un an après l'assassinat de Martinez Zogo, ne vont pas manquer de donner un autre cours à l'enquête. Celle-ci est toujours menée par le juge Sikati, malgré les épisodes du vendredi 1er décembre qui ont pourtant semblé le fragiliser.