Le 12 décembre prochain, les travailleurs vont passer au vote pour désigner les centrales syndicales les plus représentatives qui prendront part à la table des négociations, tant sur le plan national qu'international. En course pour l'atteinte de 10% du fichier, la Confédération des syndicats autonomes du Sénégal (Csa) dont le président Elimane Diouf s'est ouvert à notre quotidien, demeure très confiante malgré quelques « couacs » notés dans l'organisation. Selon M Diouf, il y a beaucoup de travailleurs qui n'ont pas été enrôlés à cause du refus de leurs entreprises. Il s'y ajoute qu'à quelques jours des joutes, la mise en place des bureaux et centres n'est pas encore terminée. D'où la crainte du secrétaire général de la Csa qui avance : « nous allons vers des contestations ».
A quelques jours des élections de représentativité des centrales syndicales de travailleurs, quelle est la situation dans les rangs de la Csa?
Nous sommes à la phase de communication qui va se prolonger jusqu'au 11 décembre, date de fin de campagne. Nous avons mis des cellules un peu partout et nous l'avons vraiment réussi car nos camarades sont sur le terrain pour sensibiliser leurs pairs et les conscientiser sur l'importance de ces élections. De notre côté, nous sommes fins prêts et nous continuons notre campagne à rassembler le maximum de travailleurs ou des travailleurs sympathisants dont notre discours les intéresse ou les accroche.
Quelles sont les difficultés relevées sur le terrain ?
Nous avons rencontré des difficultés liées à certains préfets qui n'avaient pas convoqué correctement les comités électoraux. Au niveau des départements, ce sont les préfets qui sont les présidents de comité et ce sont eux encore qui devraient travailler à mettre en place la carte électorale. Malheureusement, il y a des préfets qui n'ont pas fait ce travail correctement. Il a fallu une protestation interminable pour que dans certaines localités, ils convoquent ces comités.
L'exemple que je prendrai en premier, c'est celui du préfet de Fatick. Il a fallu que nous protestions au niveau de la commission nationale, pour qu'il convoque et quand il l'a fait, il a présenté aux gens une carte électorale où il a mis 22 bureaux de vote dans deux centres à l'intérieur de Fatick. Vous savez que les communautés rurales sont vraiment distantes de la ville. Il y a des gens qui prennent des pirogues pour sortir de leur lieu d'exercice.
Un collectif de sept parmi les douze centrales a porté cette protestation pour dire qu'il n'est pas d'accord sur la manière dont le préfet a fait le découpage. C'est la même chose à Mbacké. Le préfet a fait à peu près la même chose en concentrant les bureaux de vote dans deux centres. Alors qu'une ville comme Touba où il y a plein de travailleurs comme les hôpitaux dont trois grands sont disponibles dans la ville sainte de Touba, ne-ce-reste que pour ces hôpitaux, Touba devait bénéficier de bureaux de vote. Il s'y ajoute que les communes rurales n'ont pas de bureaux de vote. Ces questions doivent être prises en charge par le comité électoral et réglées rapidement. Nous avons insisté auprès de la commission nationale pour qu'elle se réunisse mais depuis lors, elle tarde à le faire. Nous avons saisi le ministre de tutelle, le directeur général du travail.
L'autre difficulté, c'est le fait que dans beaucoup de services et dans beaucoup de localités, les gens ne sont pas informés de l'organisation de ces élections. Là où il y a des délégués de personnels, en général, ça passe. Mais les autres, quand tu arrives pour la première fois pour la campagne dans une zone, ils n'étaient pas au courant de ces activités. Le ministère du Travail qui a les moyens d'organiser ces élections, devrait faire une campagne d'affichage, d'information médiatique qui permet aux travailleurs du Sénégal de connaître les lieux où se tiennent ces élections du 12 décembre et comment ils doivent aller en élection.
Où en êtes-vous dans le cadre du processus d'informations?
Dans le cadre du processus d'informations pour ce qui nous concerne, la Csa, nous essayons de combler le vide en travaillant à ce que les travailleurs puissent avoir le maximum d'informations. Par exemple la détermination des bureaux de vote de Dakar. Ce n'est que mardi dernier qu'elle est sortie et vous savez que Dakar a polarisé presque 70% de l'électorat. Il va falloir pour chaque travailleur, là où il est, que son entreprise puisse savoir dans quel bureau de vote, il doit voter. Et ça, c'est un travail qui doit être fait. Il est évident que les gens iront jusqu'au jour du vote sans savoir où ils vont voter parce qu'ils peuvent te citer une localité et mettre quatre personnes et peut être que ces quatre-là, ils devraient en avoir cinq. Ce qui doit se faire à temps, c'est non seulement de sortir tôt les bureaux de vote avec des listes affichées dans ces sites pour permettre aux gens de se rassurer qu'ils doivent voter là. Ce sont des choses qui nous ont rattrapés lors des dernières élections. Les gens ont passé toute la journée à chercher leur lieu de vote.
Qu'en est-il de la fiabilité du fichier ?
Pour la fiabilité du fichier, on ne peut pas dire si on approuve ou non. Mais on fait avec ce qu'il y a. Il y a beaucoup de nos travailleurs qui sont laissés en rade et d'autres entreprises qui n'ont pas accepté de jouer le jeu. Malheureusement, nous allons vers des contestations auprès des inspections mais ces dernières aussi, n'ont pas voulu réagir face aux problèmes soulevés par les centrales. Il y a des entreprises qui ont refusé systématiquement d'aller inscrire leur personnel et vous savez que pour ces élections, c'est l'employeur qui a l'obligation d'inscrire son personnel. La preuve, il faut le fichier du personnel et une lettre de transmission signée par la Direction générale de l'entreprise pour que ces travailleurs puissent voter. Nous avons des entreprises qui ont été laissées en rade à cause de cette lourdeur et à cause des inspections à un moment donné qui ont montré une impuissance par rapport aux entreprises qui ont refusé d'inscrire leur personnel. Nous en avons enregistré énormément à Thiès comme dans certains hôtels de la petite côte, à Ziguinchor alors qu'ils sont des travailleurs comme tous les autres. La grande difficulté que nous avons enregistrée au niveau des entreprises où nous sommes majoritaires et à la Sonaged, Ucg, nous avons un personnel tellement important que l'entreprise n'a pas voulu inscrire. Ce sont des volontaires et Xeyu Ndaw Ni. Et ces gens-là sont payés par l'Etat du Sénégal et les prestataires font partie des travailleurs. Malheureusement ces derniers qui dépendent du ministère de l'Environnement, ne sont pas inscrits et il y a plein de cas comme ça.
Le message à l'endroit des sympathisants et autorités ?
Nous sommes prêts à faire plus que les dernières élections avec tout le travail que nous avons abattu. Nous lançons un appel à l'ensemble des travailleurs, qu'il soit de la Csa ou d'autres centrales, de sortir voter. Pour les autorités de renforcer les moyens, de faire en sorte que les élections soient les plus transparentes possibles.