Sénégal: Cheikh Diop, Sg Cnts-Fc, sur les élections de représentativité syndicales - «Le véritable problème, c'est le taux d'abstention que nous devons minorer pour ces joutes»

9 Décembre 2023
interview

Les élections de représentativité des centrales syndicales vont se dérouler sur tout le territoire national. Les prétendantes à la représentativité iront à l'assaut des 10% de l'électorat, pour prétendre figurer à la table des négociations. La Confédération nationale des travailleurs du Sénégal-Force du changement (Cnts-Fc), dirigée par Cheikh Diop, continue de sillonner le pays, à quatre jours des joutes. Pour M. Diop, l'objectif est de travailler à minorer le taux d'abstention qui risque d'être élevé, à cause de l'éloignement de certains bureaux de votes. Entretien !

Quelle est la situation dans vos rangs ?

Nous sommes en tournée pour la campagne depuis une dizaine de jours. Nous avons quitté Dakar et nous avons fait toutes les régions de la Casamance naturelle, Kaffrine, Tamba, Kaolack, Diourbel, Saint-Louis. Là (hier, ndlr), nous sommes à Louga. Nous sommes en train de faire le tour du Sénégal pour mobiliser nos militants, redynamiser la base pour préparer les élections de représentativité des centrales syndicales du 12 décembre prochain.

Les travailleurs montrent-ils un engouement pour ces élections ?

Pour ce qui nous concerne, on peut considérer que les travailleurs sont très sensibles aux élections et ils appréhendent correctement les enjeux. Mais, il faut relever que le grand défi de ces élections qui reste le taux d'abstention qui risque d'être très élevé. Nous sommes en train de travailler pour que l'abstention puisse être minorée. De travailler non seulement pour mobiliser nos bases, afin de les faire participer au vote, mais l'ensemble des travailleurs de tout bord. Aujourd'hui, si on évaluait la situation, on se rend compte qu'effectivement le discours que nous portons est très bien perçu par les travailleurs et l'engouement que nous sentons envers eux, nous met en confiance.

Pour prouver que l'espoir des travailleurs est placé à la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal- Force du changement (Cnts- FC), il faut comparer les deux élections précédentes, car nous en sommes à la troisième édition. Les deux précédentes, en analysant les résultats, vous vous rendrez compte que malgré le respect du rang qui demeure, la seule centrale qui a évolué est la nôtre. Et elle a enregistré trois points positifs par rapports aux deux autres élections. Toutes les autres centrales ont régressé. Cela traduit l'espoir que les travailleurs portent en nous. Cela traduit l'adhésion des travailleurs que nous devons pour cette fois-ci concrétiser. Nous portons le leadership du mouvement syndical sénégalais et il faudrait que ce leadership se traduise par un leadership numérique. Nous pensons que, compte tenu de l'élargissement de nos rangs dans le secteur public avec l'adhésion de beaucoup d'organisations syndicales de l'élite intellectuelle comme des inspecteurs de l'éducation et des syndicats de la santé et des collectivités territoriales en plus des sympathisants des travailleurs d'autres secteurs, nous portons l'espoir du dialogue national sénégalais.

Y a-t-il des manquements remarqués dans l'organisation au cours de votre tournée ?

Il y a, dans quelques localités, une cartographie qui n'est pas très rapprochée des électeurs. Et cela contribue à renforcer le fort taux d'abstention. On aurait souhaité, dans certaines localités, que la cartographie soit beaucoup plus proche des travailleurs. Il y a également que le ministère de tutelle devrait communiquer davantage, mais cela ne veut pas dire qu'il ne l'a pas fait, pour rendre ces élections beaucoup plus lisibles.

Pour ce qui nous concerne, nous sommes en train de faire de notre mieux pour minorer ce taux d'abstention, mais pour faire voter le maximum de travailleurs. Aujourd'hui, les thèmes que nous développons intéressent généralement tous les secteurs parce que cela portent sur l'avenir du travail, sur l'état actuel du dialogue social de restructuration que nous devons traduire en dialogue social de conquête. Les accords qui sont signés et qui ne sont pas respectés et dont nous courrons derrière, des droits des travailleurs qui sont confisqués. Voilà ce qui caractérise le dialogue social.

Nous devons aussi, au nom de la solidarité, nous battre pour que le passif social des ex-travailleurs qui n'ont plus aucune capacité de mobilisation, ni de nuisance, comme les anciens travailleurs de la Sotrac, Air Afrique, Sias, Air Sénégal ou encore Ama Sénégal, reçoivent leur dû. Pour ces anciens travailleurs, il faudrait que nous qui avons encore cette force, au nom de la solidarité, nous battions pour que le passif social soit vidé. Et dans ce dynamisme, il n'y a que la Cnts-Fc, la seule centrale, qui porte ce combat et nous sommes en train de le réussir car une bonne partie du passif a été réglée.

Le fichier vous rassure-t-il ?

Le fichier a beaucoup progressé. Nous pouvons considérer que le fichier est assez bon ; il y a un niveau d'inscription acceptable. Donc, nous n'avons pas de problème de fichier. Il est vrai qu'il y a des entreprises qui ont trainé le pied jusqu'à forclusion des délais d'inscription ; mais ceci n'impacte pas les élections. Le véritable problème c'est le taux d'abstention que nous devons minorer pour ces élections.

De notre côté, nous nous sommes battus pour que les retards de la première phase soit rectifié au cours de la deuxième phase contentieuse. Il y a quand-même quelques rares entreprises qui n'ont pas inscrit leurs travailleurs. Aujourd'hui, notre combat, c'est d'exploiter les voies et moyens pour essayer de voir comment répartir les travailleurs, afin de les rapprocher des bureaux de votes.

Et quel est votre appel à l'endroit des travailleurs ?

Le mouvement syndical sénégalais a été pendant longtemps bipolarisé par les courants participationnistes et économistes. Chacun de ces courants est une extrémité. Les participationnistes, tout le monde sait leur façon de faire. Les autonomistes qui sont des va-t'en guerre. La Cnts-Force du changement est venu tracer une troisième voie qui est médiane. Cette voie tient compte à la fois de l'intérêt de l'entreprise et de la répartition juste et équitable des richesses produites par le capital et le travail. La Cnts-Fc est venue également prendre en charge, dans cette voie, l'avenir du travail. Aujourd'hui, en cette quatrième révolution industrielle, si on n'y prend garde, le travail sera fortement menacé parce que la force du travail est robotique, l'intelligence est artificielle, la production virtualisé, la force du travail robotisée.

Pour contrecarrer ce problème, nous devons nous mobiliser, nous travailleurs du mouvement syndical, au-delà nous liguer avec l'ensemble des militants du progrès, pour un nouveau contrat social qui répartisse de façon correct les richesses produites par les machines pour les humains. Parce qu'un robot ne revendique pas et ce sont les robots qui remplacent la force du travail.

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