Lors de sa visite en Algérie, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l'homme Mary Lawlor a exhorté le gouvernement algérien à libérer « tous les défenseurs des droits emprisonnés pour l'exercice de leur liberté d'expression, d'opinion et d'association ». Onze organisations des droits de l'homme ont emboîté le pas appelant à libérer les militants emprisonnés, à abroger les lois liberticides et à protéger les organisations de la société civile.
C'est à l'invitation des autorités à Alger que Mary Lawlor, rapporteuse spéciale de l'ONU a visité l'Algérie pour y séjourner dix jours et rencontrer des responsables politiques, des militants et des journalistes. À la suite de cette visite, l'Algérie a réagi par le biais d'un communiqué du ministère des Affaires étrangères, affirmant qu'elle demeure « disposée à intensifier ses efforts dans le domaine juridique pour s'aligner avec les dispositions de la Constitution de 2020 ».
Lors d'une conférence de presse donnée à Alger mercredi 6 décembre, la rapporteuse spéciale onusienne a également déploré que la législation actuelle en vigueur en Algérie soit utilisée pour limiter et sanctionner le travail des défenseurs des droits de l'homme.
La définition du terrorisme dans un article du code pénale, a-t-elle précisé, est « si vague et si large qu'elle laisse aux services de sécurité une grande marge de manoeuvre » pour arrêter les défenseurs des droits de l'homme. Madame Lawlor a également affirmé avoir constaté « des schémas de violation utilisés pour réprimer » les défenseurs des droits, citant notamment l'acharnement judiciaire par « le biais de multiples poursuites pénales ».
Elle a également alerté sur la limitation de la liberté de mouvement des défenseurs des droits de l'homme et sur le fait que nombre d'entre eux soient interdits de quitter le territoire national. Enfin, elle a émis l'espoir que la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), dissoute par les autorités au début de l'année, puisse reprendre ses activités à la faveur d'une nouvelle loi sur les associations. Elle a aussi jugé que la dissolution d'une ONG de premier plan - le Rassemblement Action Jeunesse - était « une sanction très sévère ».