Congo-Kinshasa: Katumbi détenteur d'un passeport diplomatique zambien - Les Congolaisattendent des explications

10 Décembre 2023

Ils étaient au départ 26 candidats à avoir obtenu le visa de la Cour constitutionnelle pour concourir à la magistrature suprême. Mais, ils sont restés 24 parce que 3 d'entre eux ont désisté en faveur du candidat n°3, en l'occurrence Moïse Katumbi, actuellement en campagne électorale à travers le pays.

Pendant ce temps, tout candidat tente d'offrir le meilleur des programmes et projets de société afin d'accrocher le maximum d'électeurs pour accéder au fauteuil présidentiel. Et c'est aussi le moment pour les électeurs de connaître à fond chaque candidat.

C'est-à-dire son nom complet, ses origines, sa nature, son âge...bref, son CV complet. En cas de zones d'ombre, chercher à élucider les choses et rassurer ainsi les électeurs.

C'est dans ce cadre, au regard de certaines révélations faites il y a cinq ans et qui restent d'actualité parce des zones n'ayant jamais été élucidées, que les Congolais voudraient être éclairés. Il s'agit de la détention par le prétendant au fauteuil présidentiel, en l'occurrence le candidat n°3, d'un passeport diplomatique de la République de Zambie.

Les révélations viennent d'un parti d'opposition zambien, nommé NDC.

Dans une correspondance adressée au gouvernement de son pays en octobre 2018, le Secrétaire général du NDC, Mwenya Musenge, exigeait la lumière sur la détention par Moïse Katumbi d'un passeport diplomatique de la République de Zambie. Car il voulait comprendre comment l'homme politique congolais Moise Katumbi, de surcroît candidat à la présidentielle en RDC, avait obtenu un passeport diplomatique zambien.

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Raison pour laquelle il exhortait le gouvernement de son pays à clarifier de toute urgence cette question de détention de passeport diplomatique par un étranger, dossier susceptible de compromettre la paix et la sécurité nationales zambiennes. La question reste toujours d'actualité parce que ledit passeport, délivré à Moïse Katumbi, a une validité de 10 ans. Émis en 2018, le passeport expirera en juin 2028.

Face à la situation, on ne peut plus troublante, le NDC recommandait dans sa correspondance, sous un ton menaçant, au gouvernement de faire toute la lumière sur l'émission suivie de la délivrance de ce document en faveur d'un «étranger», et de procéder à l'arrestation de ceux qui avaient délivré ledit passeport.

« En tant que parti, nous n'avons rien de personnel contre Moise Katumbi en tant qu'individu. En tant que NDC, nous avons commenté cette question car elle soulève de nombreuses questions qui nécessitent des réponses urgentes», déclarait Mwenya Musenge en soutenant que la Zambie ne devrait pas, et ne sera jamais utilisée comme un refuge pour des étrangers.

«Si M. Katumbi est effectivement titulaire d'un passeport zambien, nous nous demandons combien d'autres étrangers, comme les Chinois, possèdent un passeport zambien», martelait le leader de NDC, avant d'exiger un nettoyage au bureau des passeports afin d'extirper tous les faussaires de la nationalité zambienne.

Comme conséquence du trafic de la nationalité zambienne, le secrétaire général du NDC exigeait également, dans la même correspondance, que tous les agents qui seraient reconnus coupables de cette forfaiture, à savoir la délivrance d'un passeport diplomatiqu à Moïse Katumbi, soient arrêtés et poursuivis en justice.

Les menaces du NDC ne se limitaient pas seulement à l'endroit des fonctionnaires impliqués dans l'émission et la délivrance du passeport diplomatique à Moïse Katumbi, mais étaient également dirigées contre le ministre de l'Intérieur de l'époque, Steven Kampyongo, que le parti accusait de participation à la délivrance de ce document. «Nous exigeons qu'il soit limogé par l'autorité investie du pouvoir de nomination. Le NDC exige que l'authenticité de cette affaire soit immédiatement clarifiée par le ministère de l'Intérieur », écrivait dans cette correspondance Mwenya Musenge.

En outre, le passeport diplomatique n'était pas le seul document dont ce parti d'opposition zambien fustigeait la délivrance illégale. Mais, il y avait aussi la carte d'enregistrement nationale verte que le président d'Ensemble pour la République, aujourd'hui candidat à la présidentielle rd congailse du 20 décembre en cours, détenait en plus du passeport diplomatique.

«Nous demandons en outre des éclaircissements de la part du ministère de l'Intérieur sur la manière dont M. Katumbi a obtenu une carte d'enregistrement nationale verte du CNRC».

Le bénéficiaire de ce double document exclusivement réservé aux citoyens zambiens, alors qu'il était reconnu comme Congolais, pour avoir été gouverneur de la province du Katanga, le NDC sommet le gouvernement zambien de s'adresser au gouvernement Congolais en vue de clarifier la question de la double nationalité en RDC. Or, on rappelle en passant à ce sujet qu'en République Démocratique du Congo, la Constitution n'a pas encore autorisé la détention de la double nationalité, surtout à la magistrature suprême.

Par ailleurs, le NDC renseignent que c'est en 1990, sous le règne du président Frédérick Chiluba, que Katumbi s'était fait connaître en Zambie. Des sources indiquent qu'il était un parent de l'ancien président Chiluba, notamment l'une des altesses royales de la province du Luapula.

Après l'arrestation du Dr Fredrick Chiluba pour corruption, Moses Katumbi, nom sous lequel il était identifié en Zambie, avait quitté la Zambie sans cérémonie, pour réapparaître au Congo sous le nom de Moise Katumbi et devenir gouverneur de la province du Katanga en 2007!

Vivement la lumière sur cette ténébreuse affaire

Dans exactement 16 jours, le peuple Congolais ira aux urnes pour choisir ses représentants, notamment le président de la République, les députés nationaux, les députés provinciaux, ainsi que les conseillers municipaux.

Les candidats président de la République, qui avaient démarré leur campagne électorale le dimanche 19 novembre, sont obligés de l'arrêter le lundi 18 décembre, à 48 heures des élections.

Cependant, de la manière dont ils font le tour du pays pour convaincre chacun les électeurs à adhérer à leurs projets de société et les voter, ces derniers (électeurs) sont aussi en droit de connaître à fond tout celui ou toute celle qui veut accéder à la magistrature suprême de leur pays. Il revient donc au présidentiable n°3 d'apporter l'éclairage sur cette ténébreuse affaire.

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