Nous soussignés, sous l'impulsion du laboratoire UPSA, faisons partie d'un groupe de 8 praticiens experts exerçant au Mali, Sénégal, Côte d'Ivoire, Cameroun et Burkina Faso s'est réuni autour du sujet : « Utilisation des vasoconstricteurs en associations avec des antihistaminiques et analgésiques dans la prise en charge du rhume chez l'enfant ». Parmi les traitements dits de médication familiale, du rhume et de l'état grippal bénéficient d'un arsenal thérapeutique varié, tant sur le nombre de médicaments que sur les formes galéniques (comprimés, gélules, sirop, suspension nasale).
Si l'utilisation de ces produits est pratique courante pour bon nombre de patients, la prise en charge pour les populations les plus fragiles reste un élément de discussion compte tenu de la composition de certains médicaments, contenant des vasoconstricteurs type pseudoéphédrine, associés à des antihistaminiques et analgésiques. Les 3 acteurs majoritaires (représentant 86% du marché) ont une Autorisation de Mise sur le Marché dans le traitement de l'état grippal chez une population de patients avec un âge inférieur a 6 ans. Parmi ceux-ci, 2 produits représentant 70% du marché, possèdent dans leur composition de la phényléphrine, un vasoconstricteur dérivé de la pseudoéphédrine.
En l'absence de données épidémiologiques locales Africaines qui concernent les molécules citées ci-dessus, nous avons passé en revue les études et publications disponibles, notamment au niveau Européen et Américain et particulièrement en usage pédiatrique.
Cette revue, présentée en annexe de cette lettre, met en évidence plusieurs éléments inquiétants dont le manque évident d'efficacité, voire la dangerosité de ces molécules à base de vasoconstricteurs chez les jeunes enfants, un message des médicaments contenant des vasoconstricteurs particulièrement chez les jeunes populations, ainsi que leur trop large banalisation au sein des pharmacies familiales. D'ailleurs, les études épidémiologiques internationales sur le sujet, ont conduit certaines Autorités de Santé à limiter et mieux maitriser cette typologie de produits, en limitant leur prescription chez des enfants d'au moins 4 ans voire 6 ans.
Compte tenu des risques mis en évidence et évoqués dans notre revue et au regard de la composition des produits contenant des vasoconstricteurs, ceci alimente notre inquiétude sur l'utilisation de certaines spécialités chez des nouveau-nés et jeunes enfants en Afrique Francophone.
Nous souhaitons ainsi par le biais de notre démarche mettre en lumière et alerter la communauté médicale sur ces usages dangereux des vasoconstricteurs, qui plus est envers une catégorie de patients fragiles qu'est la pédiatrie.
Nous souhaitons que ces produits à base de vasoconstricteurs indiqués dans le traitement du rhume voient leurs Autorisations de Mise sur le Marché réévaluées, en termes d'indication et de restriction d'âge des patients, au regard des risques évoqués mais également des recommandations d'autres Autorités de Santé internationales.
Nous souhaitons également une mise en place d'un encadrement de la prescription et de la délivrance de ces spécialités à base de vasoconstricteurs, afin de diminuer le risque de message et ainsi minimiser les risques associés au sein de la population pédiatrique.
Les signataires de cette tribune :
- Pr Toloba Yacouba
- Pr Mariam Sylla
- Pr Amadou Lamine Fall
- Pr Mame Sanou Diouf
- Dr Elisée Doffou
- Pr David Chelo
- Pr François Djomou
- Pr Moustapha Sérémé