À Madagascar, le journaliste vedette Fenosoa Gascar de la chaine de télévision privée de l'opposition Real TV a passé sa journée lundi 11 décembre à la section de recherches criminelles de la gendarmerie nationale, convoqué avec l'invité de son émission du 4 décembre dernier, l'homme politique Christian Tabera. Ce dernier est accusé d'avoir incité les forces de l'ordre à une mutinerie militaire, au cours de cette interview. L'affaire fait débat à quelques jours de l'investiture du Président Andry Rajoelina, dans un contexte tendu.
Lundi, à l'issue de l'enquête préliminaire, les gendarmes ont informé les deux hommes que le dossier serait « transmis au Parquet ». Moins de risque, donc, d'être placés sous mandat de dépôt que lors d'une procédure de déferrement classique, mais une situation plus inconfortable aussi, explique Maître Eric Rafidison, l'avocat du journaliste Fenosoa Gascar :
« Il arrive souvent que les dossiers transmis au parquet ne soient traités qu'après une ou deux années. Ce qui signifie qu'il y a une sorte d'épée de Damoclès pour les concernés. [Fenosoa Gascar] peut toujours travailler, mais il sait qu'il y a un dossier qui plane au-dessus de sa tête et que ce dossier n'a pas été réglé. »
Un avertissement pour celui qui incarne aujourd'hui, aux yeux d'une large frange de la population, un journalisme plus indépendant et plus critique.
« Supposons que l'État, plus tard, ait une dent contre mon client. À ce moment-là, je suis sûr que, outre le dossier qui sera ouvert à ce moment-là, il y aura le dossier qui a été traité aujourd'hui qui réapparaitra, poursuit la défense du journaliste. Il était inquiet, parce que compte tenu de la justice à Madagascar, on ne peut pas être serein tant qu'on sait que l'on va être présenté à la justice. »
L'Ordre des journalistes reste en alerte par rapport à cette affaire.
L'opposition, elle, a déjà fait part de son indignation face « aux formes d'intimidation » à l'égard du journaliste et parle « d'atteinte à la liberté de presse ».