Les obsèques de la franco-guinéenne Nadine Bari ont lieu ce mardi 12 décembre à Saint-Denis de la Réunion, île française d'Outre-mer où elle s'était installée à la fin de sa vie auprès de ses enfants et où elle est décédée dimanche 10 décembre à l'âge de 83 ans. Écrivaine et infatigable militante des droits humains, elle s'est battue toute sa vie pour réhabiliter non seulement son mari mais toutes les victimes de la répression sous le régime de Sékou Touré, le premier président de la Guinée indépendante, en particulier les victimes du camp Boiro. Et elle continue aujourd'hui d'inspirer les générations de Guinéens qui lui ont succédé dans ce combat, malgré les obstacles politiques.
Son père fut assassiné par la police politique de Sékou Touré. Abdoulaye Conté dirige aujourd'hui l'Association des victimes du camp Boiro. Avec la même ténacité que celle qu'il appelait affectueusement Tantine Nadine : « Son combat fut un véritable combat, qui nous a tous inspirés en Guinée. Elle s'est battue toute sa vie de manière incroyable pour réhabiliter son mari et avec son mari, tous ceux qui ont été indignement exécutés en Guinée. Aujourd'hui, on veut réhabiliter plutôt celui qui a commis ces crimes et non réhabiliter les victimes. Toute forme de collaboration que nous voulons faire aujourd'hui est systématiquement refusée, c'est vrai, mais qu'à cela ne tienne, notre combat va continuer. »
L'association guinéenne recueille les témoignages et géolocalise aujourd'hui les charniers. Un travail de mémoire que Nadine Bari estimait indispensable, témoigne son amie Safiatou Diallo, historienne et directrice du Centre international de recherche et de documentation à Conakry : « Elle a beaucoup espéré après la mort de Sékou Touré que les choses changeraient, qu'il y aurait une commission d'enquête pour établir la vérité et rendre justice. Pour elle, le pardon ne peut venir qu'avec la vérité et la justice. »
Safiatou Diallo venait d'achever un livre d'entretiens avec Nadine Bari, à paraître en début d'année prochaine.