La Minusma a symboliquement mis fin lundi à dix ans de présence au Mali. Le bilan de la force onusienne est diversement apprécié.
La Minusma, c'était l'une des plus grandes missions de maintien de paix de l'Onu dans le monde avec un effectif de plus de 15.00 hommes, civils et militaires.
Elle était présente au Mali depuis 2013, à la demande des autorités de l'époque. Sa mission : stabiliser le Mali et appuyer le processus politique entre l'Etat malien et les séparatistes touareg.
Dix ans après, les Casques bleus quittent le Mali sur fond de désaccords avec les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020.
Dix ans de présence
Sur le bilan de dix années de présence des casques bleus au Mali, les avis divergent.
"C'est un bilan mitigé pour moi. La Minusma est partie sur la pointe des pieds. Son retrait a été exigé par les autorités maliennes actuelles. La Minusma est repartie sans qu'il y ait ce retour à l'ordre constitutionnel, c'est-à-dire l'organisation d'une élection présidentielle libre et démocratique", estime le sociologue malien Mohamed Amara.
Rémy Asène Diousse, chargé de programme du bureau Paix et Sécurité pour la région Afrique Subsaharienne à la fondation Friedrich Ebert, parle lui aussi de bilan mitigé.
"La Minusma a porté un plus en matière de protection des droits humains mais aussi en termes logistiques et militaires. Quand le nord du Mali est tombé aux mains des groupes rebelles armés, c'est la Minusma qui a été la première force à se déployer. En matière de droits humains, la Minusma a été la garante du respect des droits de l'homme. Le mandat de la Minusma n'était pas robuste et elle ne pouvait pas juguler l'insécurité dans le nord du Mali", explique l'expert.
Difficultés d'adaptation
Pour le sociologue, Mohamed Amara, la Minusma n'a pas su s'adapter au contexte sécuritaire et politique du Mali.
"La Minusma n'a pas été en mesure de trouver l'équilibre entre ses missions qui sont clairement définies et le nouveau contexte malien fait de terrorisme et de transition militaire, différent du contexte des années 2012, 2013 et 2014."
Antoine Glaser, spécialiste de l'Afrique, impute l'échec de la Minusma à la pléthore de forces internationales au Mali. Ce qui, dit-il, a marginalisé la mission onusienne. "C'est un échec, mais cela n'est pas de la responsabilité de la Minusma. Cela est lié à la façon de positionner la Minusma dans un pays où il y avait le G5 Sahel, la force Takuba, Barkhane. La Minusma a été marginalisée dès le départ."
Pas un échec, selon l'Onu
A l'Onu, on refuse toutefois de parler d'échec. Pour le général Gaye, commandant de la Minusma, "c'est une mission très positive qui, en fin de compte, a donné beaucoup de satisfaction, même si, dit-il, nous aimerions faire plus avec les ressources limitées dont nous disposons."
Le chef de la Minusma, El Ghassim Wane, a lui invoqué ce lundi la difficulté de la tâche dans un contexte de violence asymétrique, sur un théâtre d'opérations immense et avec des "attentes fortes" des populations.
En dix ans de présence, la mission onusienne dit avoir perdu plus de 180 membres tués dans des attaques, essentiellement perpétrées par les groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique. Un bilan très lourd pour une mission de l'Onu.