Afrique Centrale: Moïse Katumbi, le Zambien qui veut diriger le pays

12 Décembre 2023
tribune

Un candidat concourant à l'élection présidentielle détient un passeport diplomatique zambien, dont la validité court jusqu'en 2028, alors que la loi sur la nationalité en République Démocratique du Congo dit que '' la nationalité congolaise est une et exclusive.

Elle ne peut être détenue concurremment avec une autre nationalité '' . Cette image d'étranger avec une nationalité congolaise, ne cesse de coller à la peau du candidat Moïse KATUMBI CHAPWE. De nouveaux éléments viennent de faire leur apparition dans la sphère publique avec des images d'un passeport indiquant la nationalité zambienne de ce dernier, qui est nommément identifié et visuellement reconnaissable sur la photo du passeport zambien D0012933.

Le Département américain de la Sécurité Intérieure, sur son site officiel, renseigne, lorsqu'on le questionne sur l'utilisation de ce passeport zambien D0012933 au pays de l'oncle Sam, que l'entrée la plus récente sur le sol américain avec ce passeport remonte à la date du 02 avril 2019, alors que Monsieur Moïse KATUMBI avait déjà recouvré son passeport congolais au mois de février 2019. Ce qui fait de ce document (passeport D0012933) un document assurément authentique parce que déjà utilisé au Etats-Unis. Encore, sur la twittosphère et les autres réseaux, de nouveaux éléments ne cessent de s'ajouter à ceux déjà existants.

Avec les récentes informations et récits devenus viraux dans les médias sur la nationalité zambienne de Monsieur Moïse KATUMBI CHAPWE, les autorités congolaises et les responsables de la CENI devaient, sans plus tarder se saisir de l'affaire pour éclairer l'opinion publique, et éventuellement prendre des mesures, parce que cette situation a incontestablement des implications d'un point de vue juridique et électoral conformément aux articles 10, 62 et 72 de la Constitution.

C'est ainsi que Monsieur Jean-Pierre BEMBA lors de son meeting à la TSHANGU, a invité Monsieur Moïse KATUMBI à s'expliquer sur cette question de nationalité zambienne.

D'un point de vue juridique, la perte de la nationalité congolaise est constatée directement lorsqu'une personne détentrice de la nationalité congolaise acquiert une nationalité étrangère . Pour ce contrevenant, candidat à l'élection présidentielle, dont la validité du passeport étranger court jusqu'à juin 2028, il est présumé ne plus jamais détenir la nationalité congolaise depuis qu'il avait acquis la nationalité étrangère et ainsi donc ne plus se prévaloir des droits réservés exclusivement aux Congolais, entre autres droits, de se présenter aux élections. Parce que parmi les conditions pour être candidat à la présidentielle, il faut être Congolais d'origine.

Comme Monsieur Moïse KATUMBI a perdu de facto sa nationalité congolaise après avoir acquis en 2018 une nationalité étrangère, il devrait pour la recouvrer, tout simplement renoncer à la nationalité zambienne et faire une demande en bonne et due forme de recouvrement de la nationalité congolaise en plus de celle qui a été supposée être faite après une autre nationalité acquise auprès des services italiens (sic).

Lors de la validation des candidatures, un parmi les candidats avait contesté auprès de la Cour constitutionnelle, la nationalité congolaise de Monsieur Moïse KATUMBI CHAPWE. Cependant, la Cour avait validé la candidature de celui-ci à l'élection présidentielle du 20 décembre, parce que disposant d'un certificat de nationalité congolaise délivré en bonne et due forme par des autorités compétentes et qui est le seul document valable, attestant la nationalité en droit congolais, disait un de ses avocats. Mais ici, la Cour ne siégeait pas sur la question de la nationalité, mais sur sur le contentieux électoral.

Dans l'Etat de droit que prône le Président Félix Antoine TSHISEKEDI, il y a des libertés garanties par la Constitution et des obligations que tout citoyen doit pouvoir observer. Le statut de candidat aux élections n'exempte aucun Congolais de ses obligations citoyennes, ni ne lui confère la qualité de super citoyen pour que certains se conforment aux prescrits et d'autres non. Ce qui risque d'en faire une injustice dans un pays de droit.

Martin Luther King a dit : ''Une injustice, où qu'elle se produise, est une menace pour la justice partout ailleurs, car nous sommes tous pris dans un tissu de relations mutuelles''. La justice sur laquelle doit être bâtie l'Etat de droit ne doit pas tolérer l'injustice, ni faire une part belle à quiconque pour son beau visage ou sa richesse, afin de maintenir le bien-être collectif et la paix sociale.

Sanctionner Moise KATUMBI pour cette usurpation de nationalité n'est que le cours normal de ce qui doit être fait pour que le pays reste sur la voie de la justice.

D'un point de vue électoral, l'opinion publique congolaise n'a, de tout temps, jamais été favorable à voir l'immixtion des étrangers dans leurs affaires politiques et ne pense donc pas laisser Moise KATUMBI, avec toutes les accusations de nationalité douteuse, prendre les rênes de la République Démocratique du Congo. (...) Pour Jean-Pierre Bemba, Moïse KATUMBI doit «dire la vérité s'il est Zambien ou pas».

Car il est difficile de servir deux maîtres à la fois, tu finiras par trahir l'un au profit de l'autre. En matière de conflit d'intérêt entre la Zambie et la RDC et des alliés de la Zambie, tu finiras par trahir l'autre. Une chanson de la Rumba congolaise dit ''voisin, yo motema mabe boye'', entendez, voisin zambien, tu es vraiment méchant.

Dans les milieux occidentaux et ceux des dirigeants des institutions religieuses ainsi que de la société civile favorables au candidat KATUMBI, spécialement ceux de ses lobbyistes et ses pères spirituels, les réactions sont entre le silence et la stratégie des sapeurs-pompiers. Silence pour ceux qui apprennent avec étonnement ce grossier mensonge qui leur était caché. Ceux qui veulent jouer aux sapeurs-pompiers tentent de sauver les meubles par des montages tels que :

1) Le site internet qui a livré les informations est faux ou piraté,

2) la Zambie ne reconnaît pas l'originalité du passeport en cause,

3) les autorités zambiennes lui avaient retiré le passeport,

4) En renonçant à la nationalité italienne et en obtenant le certificat de nationalité congolaise il a par conséquent renoncé aux autres nationalités étrangères.

Au bout de ce scénario, qui ressemble à un très bon feuilleton hollywoodien, il revient à la justice congolaise de montrer que la Constitution du pays n'est pas un chiffon, mais bien au contraire qu'elle a la même force que celle d'autres pays. Elle reste opposable à tous. Dans ce cas d'espèce, Monsieur KATUMBI a à la fois renoncé et usurpé la nationalité congolaise, tout en posant également un acte de trahison punissable par la loi, c'est-à-dire, il doit répondre de ses actes, subir la rigueur de la loi et enfin être retourné en Zambie pour jouir de sa nouvelle nationalité après avoir purgé la servitude pénale.

Auteurs

Professeur Dr. Ngoie Joël Nshisso, Président du Forum des Intellectuels Congolais de l'Etranger (FICE), Expert en Commerce International, AGOA, Diplomatie et Relations Internationales.

M. Stephen Lande, Président de Manchester Trade LTD, expert de l'AGOA et Ancient attaché commercial pour le Département d'Etat Américain dans différents pays

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