Un accord a été trouvé à la COP28 de Dubaï, un texte bien plus équilibré que la mouture précédente qui avait suscité un véritable tollé. L'ambition de la sortie des énergies fossiles n'a pas été atteinte, mais les avancées sont notables pour une « transition hors des énergies fossiles ». Pour le groupe Afrique, cet accord présente de très grands progrès.
En fin de matinée ce mercredi 13 décembre, le président de la COP, Sultan al-Jaber, a réuni la séance plénière pour annoncer le nouvel accord décidé pour une « transition » vers l'abandon des énergies fossiles. Séance durant laquelle chaque partie est invitée à s'exprimer sur le texte adopté. Du côté du groupe Afrique, le président du bloc, le ministre zambien de l'Environnement, Collins Nzovu, s'est montré presque totalement satisfait.
Dans sa courte prise de parole, il a remercié le leadership du président de la COP28 ainsi que toutes les parties pour la sincérité des échanges qu'il juge profonds et ouverts. Collins Nzovu a surtout salué le volontarisme des participants, il a défini un « climat d'amour » et s'est dit convaincu que l'histoire est en train de s'écrire.
En effet, sur la question de l'adaptation, qui est cruciale et prioritaire pour l'Afrique, la nouvelle mouture de l'accord va plus loin que la précédente. Les financements destinés aux pays pauvres pour s'adapter au changement climatique seront multipliés par deux d'ici 2025, d'après le texte qui, cette fois, donne des objectifs chiffrés : entre 215 et 387 milliards de dollars par an, d'ici 2030.
« La COP28 a été un succès »
Il manque la définition d'un cadre de travail qui précise clairement les objectifs à atteindre dans la durée, mais cela reste un grand pas en avant, selon le président du groupe, Collins Nzovu. « L'une des questions cruciales pour l'Afrique était bien sûr l'objectif global sur l'adaptation. Comme c'est la question la plus importante pour nous, nous sommes convaincus que, guidés par l'état d'esprit d'unité et d'amour qui a régné durant cette COP, nous serons gratifiés par la définition de ces objectifs thématiques et mesurables que nous souhaitons », a-t-il déclaré.
« Nous avons abouti à un bilan mondial sur la finance globale et nous sommes engagés à réformer le système financier mondial. Avant même l'ouverture des débats, nous avons acté l'opérationnalisation du fonds pertes et préjudices, et des ressources concrètes y ont été engagées. Notre deuxième grande demande était l'accès à la science et à la technologie. Ici à Dubaï, nous avons pris l'engagement de tripler le renouvelable et doubler l'efficacité énergétique. L'objectif d'atteindre 1,5 degré est maintenu. Pour le moment, nous croyons vraiment que la COP28 a été un succès », détaille-t-il encore.
Des spécificités de l'Afrique à prendre en compte
L'Afrique se félicitait déjà dans la première version du texte du choix de la réduction des énergies fossiles, plutôt que de leur sortie pure et simple. L'accord qui vient d'être signé et qui acte un éloignement des fossiles lui convient tout aussi parfaitement.
Bien que le continent soit une des grandes victimes du réchauffement climatique, les pays africains se sont toujours montrés intransigeants sur l'usage de leurs matières premières. Ils ont martelé qu'il fallait tenir compte de la spécificité de l'Afrique - à savoir sa grande pauvreté - qui l'oblige à exploiter ses ressources pétrolières et gazières pour soutenir son développement. Ces besoins spécifiques et cette responsabilité différenciée sont reconnus par l'accord signé ce matin.
La décision de ce matin est beaucoup plus qu'historique, elle est phénoménale, extraordinaire. On dirait la victoire des petits, des sans-voix, contre les grands pollueurs. On a un accord qui donne l'espoir que la fin du fossile a sonné. [...] En tant que citoyen et acteur de la société civile, on n'est pas totalement content de la décision d'utiliser des énergies de transition pour aller vers des économies décarbonées, car ça laisse la possibilité à toute forme d'exploitation. [...] Mais c'est le compromis qu'on a trouvé. Maintenant, il reste à voir dans le détail pour que le diable ne vienne pas prendre toute la place.