Afrique: L'Angola pourrait-il devenir la plaque tournante de la logistique en Afrique ?

interview

Oui, selon Catarino Fontes Pereira, directeur de l'agence angolaise de régulation de la logistique.

Pour contribuer à la diversification de l'économie, l'Agence angolaise de réglementation de la certification des cargaisons et de la logistique (ARCCLA) supervise la mise en oeuvre des projets de réseaux logistiques du pays. Dans cet entretien avec Kingsley Ighobor d'Afrique Renouveau, Catarino Fontes Pereira, président du conseil d'administration de l'ARCCLA, parle du potentiel des projets actuels pour favoriser le développement économique national et régional.

Pourquoi avez-vous envoyé certains membres de votre personnel à la formation organisée par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) ?

Nous avons la responsabilité de réglementer et de superviser la logistique en Angola. Par l'intermédiaire de notre ministère des transports, la CNUCED contribue à la formation des Angolais, y compris des jeunes. Nous devons développer les capacités de notre personnel afin qu'il puisse travailler plus efficacement. Comme vous le savez, l'ARCCLA est une institution très jeune.

Nous avons besoin d'un certain niveau de connaissances sur, par exemple, la manière de mener des processus de PPP (partenariats public-privé). Notre personnel doit comprendre les variables importantes dans la structuration d'un projet. La CNUCED possède une connaissance approfondie de la logistique dans le monde, en particulier en Afrique, et nous avions donc besoin de son aide pour franchir les premières étapes de l'exécution d'un projet. L'équipe a donc appris quelques concepts importants.

Ont-ils commencé à appliquer ces concepts dans leur travail ?

Oui. L'un des concepts que nous avons appris est le partage des risques. Lors de la mise en place de projets PPP, nous devons comprendre comment partager les risques encourus. Nous représentons le gouvernement, et notre partenaire peut représenter un concessionnaire, et nous devons donc partager les risques. Un autre concept est celui de la viabilité des projets. Nous devons comprendre comment mener des études qui rendent un projet réalisable pour des institutions internationales comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et d'autres.

Avez-vous l'intention d'organiser davantage de formations pour votre équipe ?

Oui, bien sûr ! Le renforcement des capacités doit être un processus continu. Le développement de toute institution dépend en particulier du capital humain. Lorsque les gens sont bien formés et bien formés, ils développent notre institution. En tant qu'institution créée il y a quelques années, nous avons besoin d'apprendre, de grandir et d'atteindre le niveau que nous souhaitons atteindre. C'est pourquoi nous devons être très bien préparés.

Nous sommes en passe de devenir un centre logistique, et avec le soutien d'organisations comme la CNUCED, nous y parviendrons !

Quelle est la situation idéale pour la logistique en Angola ?

Nous nous efforçons d'atteindre un niveau acceptable. Le niveau d'interopérabilité de notre logistique n'est pas encore stable entre les membres de la chaîne logistique. De nombreux éléments manquent. Nous devons rassembler les opérateurs pour qu'ils comprennent leur rôle et celui du gouvernement.

Lorsque nous aurons harmonisé et synchronisé notre travail, l'Angola aura un niveau de logistique acceptable.

Dans quel délai ? L'année prochaine ? 2025 ? 2030 ?

Le plus tôt possible. Nous pensons qu'en 2025, nous pourrons atteindre un niveau nettement supérieur à celui d'aujourd'hui.

Coordonnez-vous la logistique avec vos homologues d'autres pays, en particulier les pays voisins ?

Au niveau continental et sous-régional, nous travaillons ensemble. Nous sommes membres de l'Union des conseils de chargeurs africains, une institution africaine où nous partageons des informations commerciales et discutons de stratégies pour développer la logistique en Afrique.

L'Angola est également signataire de l'accord de libre-échange continental africain ( ZLECAf ) et nous discutons constamment avec d'autres pays des domaines de collaboration en matière de libre-échange.

Dans vos conversations avec les représentants d'autres pays, sentez-vous une dynamique dans le développement de l'infrastructure nécessaire pour accélérer la mise en oeuvre de la ZLECAf ?

Oui, et nous avons de bons exemples. Le Sénégal, par exemple, a développé ses ports à un niveau très élevé. L'Éthiopie fait beaucoup pour le développement et l'organisation de la logistique. L'Afrique du Sud construit des infrastructures massives. En Angola, nous venons d'inaugurer un nouvel aéroport qui fera de nous une plaque tournante de la logistique, non seulement en Afrique, mais aussi pour relier l'Afrique à l'Asie et à l'Amérique du Sud.

De quels systèmes logistiques parlez-vous en particulier ?

Il s'agit notamment des infrastructures permettant d'acheminer les produits des grandes exploitations agricoles. Nous devons avoir la capacité de transporter les produits de la campagne vers une installation de stockage. Nous devons être en mesure d'effectuer des inspections phytosanitaires afin de préparer ces produits pour l'exportation et le marché intérieur.

Comment l'amélioration des infrastructures soutient-elle les entrepreneurs angolais ?

Nous avons un programme stratégique de développement des infrastructures logistiques en Angola. Compte tenu de nos besoins, nous avons identifié six sites stratégiques.

Deux d'entre eux se trouvent dans la région du nord. Le premier se trouve à Luvo, où nous partageons la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC). Luvo est important en raison de son niveau élevé de commerce.

Le second se trouve à Soyo, un important centre pétrolier dans la province du Zaïre. Nous avons besoin d'une infrastructure logistique en raison de la nouvelle raffinerie de pétrole dans la province du Zaïre.

Nous avons la responsabilité de réglementer et de superviser la logistique en Angola.

Les troisième et quatrième sont le corridor de Lobito et Caála dans la province de Huambo, le principal centre agricole de l'Angola.

Le cinquième est Luau, à la frontière occidentale entre l'Angola et la RDC.

Enfin, le sixième est Arimba, dans la province de Huila, qui occupe une position stratégique pour faciliter l'exportation de pierres ornementales telles que le marbre et le granit.

Ainsi, lorsque ces six sites logistiques fonctionnent efficacement, nous pouvons dire que l'Angola dispose d'une opération logistique organisée. Nous sommes en passe de devenir un centre logistique, et avec le soutien d'organisations comme la CNUCED, nous y parviendrons !

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