L'Afrique centrale dispose d'atouts non négligeables, notamment les richesses de son sous-sol et le dynamisme de sa population, pour relever les nombreux défis que les pays de cette région affrontent, a expliqué un haut responsable des Nations Unies au Conseil de sécurité mercredi.
« L'Afrique centrale est une région qui a un potentiel considérable pour son développement et sa stabilité. Ce potentiel se manifeste d'abord à travers les ressources dont regorge son sous-sol de l'immense forêt du bassin du Congo, l'un des derniers puits de carbone net au monde, et si justement appelée 'deuxième poumon vert' de la planète », a souligné le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Afrique centrale, Abdou Abarry, qui est également le chef du Bureau des Nations Unies pour l'Afrique centrale (UNOCA).
Il a salué l'engagement des États de la sous-région à contribuer à la protection de l'environnement à travers les différentes initiatives lancées à cet égard, dont le One Forest Summit tenu à Libreville et le Sommet sur les Trois Bassins organisé à Brazzaville.
Il a aussi félicité les Etats d'Afrique centrale d'avoir « fait montre de solidarité entre eux en s'engageant collectivement pour la paix et la stabilité », notant qu'au cours de ces six derniers mois, les chefs d'État et de gouvernement de la sous-région se sont réunis au moins cinq fois sur les questions de paix et de sécurité.
Pour mieux accompagner les pays d'Afrique centrale, M. Abarry a indiqué que son bureau travaillait en étroite collaboration avec les États membres et la Commission économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), à travers ses bons offices et en accompagnant la mise en place de stratégies dans la gestion des questions de transhumance, de lutte contre les discours de haine et des questions relatives aux changements climatiques.
Il a souhaité que les élections prévues le 20 décembre en République démocratique du Congo, « pays dont l'importance stratégique pour la région n'est pas à démontrer », se déroulent dans la paix de façon à consolider l'ancrage démocratique dans ce pays et « à renforcer le processus d'édification d'une Afrique centrale de paix, de stabilité et de prospérité ».
L'envoyé de l'ONU dans la région est revenu également sur la situation dans d'autres pays d'Afrique centrale.
République centrafricaine
S'agissant de la République centrafricaine, il s'est félicité que dans le cadre de la mise en oeuvre de l'Accord politique pour la paix et la réconciliation et la Feuille de Route de Luanda, des centaines d'ex-combattants centrafricains sont démobilisés et sont en voie de réintégration dans les différentes composantes des forces de défense et de sécurité.
Ceci s'ajoute aux 70 combattants de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) qui se sont démobilisés volontairement, et dont certains ont déjà été rapatriés en Ouganda, grâce à l'appui des Nations Unies, notamment la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA). Selon M. Abarry, ces démobilisations pourraient contribuer à réduire considérablement la violence armée dans certaines régions de la République centrafricaine.
Tchad
Au Tchad, l'envoyé de l'ONU a noté que malgré les nombreux défis auxquels le pays est confronté, notamment les impacts humanitaire, sécuritaire, environnemental et économique du conflit soudanais, le processus de transition franchira une étape cruciale avec la tenue, le 17 décembre prochain, d'un référendum destiné à doter le pays d'une nouvelle constitution.
« En effet, l'adoption de cette nouvelle constitution est un prélude à l'organisation des différents scrutins prévus en 2024. Il me plait de relever ici, que l'une des activités critiques du processus, à savoir la révision des listes électorales, s'est déroulée dans de bonnes conditions avec près de 900.000 nouveaux électeurs inscrits, grâce à l'assistance du Programme des Nations Unies pour le développement », a-t-il souligné.
Il a toutefois regretté, à l'issue de cet exercice, la légère baisse du nombre de femmes inscrites sur le nouveau ficher. Il a par ailleurs salué la poursuite de la politique de la main tendue du Président de la transition, Mahamat Idriss Deby Itno, « qui a permis à bon nombre de membres de l'opposition en exil de retourner au Tchad, en vue de participer à la vie politique ».
Gabon
S'agissant du changement anticonstitutionnel de gouvernement intervenu le 30 août au Gabon, le haut responsable de l'ONU a indiqué qu'une Conférence régionale sur la résurgence des changements anticonstitutionnels de gouvernements est prévue, au début de l'année prochaine, à Sao Tome-et-Principe. « Cette conférence permettra à la sous-région de poser les jalons d'un instrument normatif destiné à faire face à ce fléau », a-t-il dit.
« Le coup d'Etat survenu dans la nuit du 30 août dernier au Gabon, est venu nous rappeler la fragilité institutionnelle de certains pays de la sous-région. Le coup d'Etat est intervenu, il convient de le rappeler, suite à un processus électoral discutable, jalonné de réformes non consensuelles du cadre électoral et de rejet d'une observation électorale indépendante », a-t-il observé.
« Face à la nouvelle situation politique ainsi créée, nous avons engagé des discussions, avec les nouvelles autorités, en vue notamment de plaider pour un retour à l'ordre constitutionnel normal dans un délai raisonnable après une transition inclusive, respectueuse des droits de l'homme et ayant pour objectif la sauvegarde de la paix, la quiétude sociale, et la stabilité du pays », a-t-il ajouté.