Sénégal: 75 ans de la déclaration universelle et situation des droits de l'homme au Sénégal - Des efforts soutenus pour les textes réglementaires, mais l'application fait défaut

13 Décembre 2023

Le 75ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme a été commémoré hier, mardi 12 décembre 2023, à Dakar, sous le thème : «Honorons la promesse de liberté, d'égalité et de justice pour tous». C'est en présence des acteurs du droit de l'homme, notamment Robert Kotchiany, Représentant régional (Haut-commissariat) des Nations Unies aux droits de l'homme, Me Pape Sène, président du Comité sénégalais des droits de l'homme (CSDH), et du représentant du ministre de la Justice, Adama Ndiaye, magistrat, directeur adjoint des droits de l'homme au ministère de la Justice. A cette occasion, ces acteurs sont revenus sur les réalisations de l'Etat du Sénégal en matière de droits humains et les lacunes qu'il faut corriger.

12 décembre 1948 - 12 décembre 2023, la Déclaration universelle des droits de l'Homme a 75 ans. Dans le cadre de la Journée internationale des droits de l'homme, commémorant cette avancée historique au sortir des deux guerres mondiale, les 75 ans des droits de l'Homme, le Sénégal a organisé une rencontre avec ses partenaires techniques, pour passer en revue, à l'instar de tous les pays, la situation nationale des droits humains. Se basant sur le thème retenu cette année, «Honorons la promesse de liberté, d'égalité et de justice pour tous», des échanges et activités allant de la sensibilisation sur tous divers droits qui sont mentionnés dans cette Déclaration universelle des droits de l'Homme étaient au menu. «Notamment sur le droit de l'environnement et d'autres types de droits qui feront l'objet de vulgarisation», selon le représentant du ministre de la Justice, le magistrat Adama Ndiaye.

Pour le représentant régional du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, Robert Kotchiani, «les droits de l'homme ne sont ni pour les riches ni pour les pauvres. Les droits de l'homme sont universels». Mais il pense que c'est l'application qui fait défaut parfois. Par ailleurs, ajoute-t-il, il a y a une avancée en matière de droits de l'homme au Sénégal. «Mais il y a des endroits où on peut mieux faire notamment les droits sociaux, économiques et culturels. Si tous les Sénégalais ont accès à l'eau potable, les prisons dotés de tous pour le bien être des prisonniers ; aussi si le droit à l'éducation pour tous est une réalité au Sénégal. Malheureusement, ce qui n'est pas le cas». A l'en croire, «une chose est de voir les lacunes en matière des droits et l'autre d'apprécier les efforts qui sont fait pour combler cela. Et sur ce, on peut dire que le Sénégal fait beaucoup d'efforts».

Evoquant les 16 jours d'activiste, la magistrat Adama Ndiaye, directeur adjoint des droits de l'homme au ministère de la Justice, note qu'au Sénégal, les efforts soutenus de toutes les organisations de la société civile, aux côtés des autorités, «ont permis de sensibiliser et d'atteindre les cibles prioritaires à savoir des enfants, des femmes, des personnes privées de liberté et vivant avec un handicap. Ces 16 jours ont permis de mieux sensibiliser ces cibles sur leur droit et sur la protection fondamentale de leur droit».

«IL N'Y JAMAIS EU DE LIBERTE ABSOLUE»

Poursuivant son propos, le magistrat a fait savoir que «la réalisation effective des droits humains est un long processus. Aucun Etat ne peut se targuer de réaliser entièrement et pleinement tous les droits humains. Le Sénégal a fait des efforts notables en matière de promotion et de protection des droits humains. On a vu, durant les 5 dernières années, plusieurs points législatifs et réglementaires ont été pris par les autorités sénégalaises, allant tous dans le sens de mieux protéger les droits humains. Comme la loi criminalisant le viol, pour lutter contre les violences basées sur les genres, la loi sur le bracelet électronique pour désengorger les prisons et lutter contre le surpeuplement carcéral», souligne Adama Ndiaye.

«Il en est également la loi 2022, portant statut des réfugiés et des apatrides, pour accorder un cadre qui protège les réfugiés et lutter contre l'apatridie, et récemment de l'adoption en Conseil des ministres de la loi portant modification du Comité sénégalais des droits de l'homme, qui permettra assurément à notre institution nationale des droits de l'homme de retrouver son statut A. Avec cette réforme, nous espérons que cela va nous permettre de retrouver notre place au sein de la communauté des droits de l'homme», liste le directeur adjoint des droits de l'homme au ministère de la Justice.

Cette journée donne l'occasion aux acteurs et défenseurs des droits de l'homme de «faire une brève évaluation et un peu le bilan de cette Déclaration (universelle des droits de l'Homme), son impact par rapport aux droits humains. Evidemment, au premier constat, cette déclaration a inspiré beaucoup d'instruments juridiques internationaux que le Sénégal a ratifiés», a déclaré Me Pape Sène, président du CSDH. Car, dira-t-il, «cette déclaration fait partie intégrante du bloc constitutionnel sénégalais.

Parce que c'est un outil incontournable dans notre pays et s'impose aux autorités sénégalaises. Il y a beaucoup de questions relatives à la liberté, à l'égalité et sur le droit humain. Mais si on interroge notre législation en matière de la protection humaine surtout la liberté de manifester, vous verrez que cette déclaration donne des possibilités aux citoyens sénégalais». Toutefois, relève Me Sène, «il n'y jamais eu de liberté absolue. C'est dans cette optique qu'il y a souvent des contestations entre la limite qu'il faut instaurer concernant la liberté de manifester. Mais il faut noter qu'au niveau du Sénégal, tous les mécanismes sont réunies pour permettre au citoyen sénégalais de pouvoir jouir de ces droits».

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