Tunisie: Liste des martyrs et blessés de la révolution - Rien à l'horizon !

14 Décembre 2023

Ces protestataires ne revendiquent que la liste de leurs enfants, martyrs et blessés de la révolution !

On ne voit, jusque-là, rien venir ! Entre-temps, l'on voit exploser de nouveaux mouvements de protestation des familles et des sit-in dans différentes régions du pays. Sans suite aucune.

Fin prête depuis plus de quatre ans, la fameuse liste des martyrs et blessés de la révolution n'a pas été quasiment dévoilée. Pourtant, elle fut, déjà, remise, début avril 2018, de la main de Taoufik Bouderbala, alors président du Haut Comité des droits de l'homme et des libertés fondamentales (Hcdhlf), aux trois présidents de la République, de l'ARP et du gouvernement, pour être ensuite publiée au Jort. Elle vient d'afficher, finalement, les noms de 129 martyrs et 634 blessés. Droit de recours, assurément, garanti.

Trop politisé !

Toutefois, rien n'y fait, depuis. Et pour cause, les familles endeuillées n'arrivent pas à connaître la vérité sur un dossier jugé «trop politisé». Pourquoi ? Cela s'expliquait, à l'époque, par des tiraillements partisans et des intérêts conflictuels qui avaient présidé aux rouages du pouvoir. Douze ans déjà, cette affaire continue à faire du surplace. Tant et si bien que le processus de la justice transitionnelle enclenché par la défunte IVD (Instance Vérité et Dignité) n'a pas, lui aussi, révélé tous ses secrets. D'autant plus que les procès judiciaires intentés auprès des tribunaux spécialisés n'arrivent pas à prononcer le verdict final. L'omerta sur les droits des victimes avait, à chaque fois, réveillé les vieux démons et ravivé les tensions.

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Entre-temps, l'on voit exploser de nouveaux mouvements de protestation de leurs familles et des sit-in dans différentes régions du pays. Sans suite aucune. De même, leur campagne facebookienne «lâchez la liste», lancée avec pour objectif de faire pression sur les preneurs de décision, n'a pas été suivie d'effet. Du côté des gouvernements post-révolution, silence radio, à n'en plus finir. Faudrait-il attendre Godot ?! «Il faut rectifier le tir et réaliser les objectifs de la révolution en justice sociale, emploi et dignité », persiste et signe, à maintes reprises, Mme Lamia Farhani, présidente de l'association Awfia des familles des martyrs et blessés de la révolution. Ecrit et transmis à toutes les parties concernées, ce message semble tomber dans l'oreille d'un sourd.

Nouvelle volonté manifestée

Ce fut, alors, un vrai fiasco politique. Passé le temps, de l'eau a coulé sous les ponts, sans que ce dossier, aussi controversé soit-il, puisse venir à bout. Reste que le président Kaïs Saïed n'a cessé, depuis son accession à la tête de l'Etat, de promettre monts et merveilles. A priori, il a tenu parole, au moment où la liste définitive des martyrs et blessés de la révolution avait été publiée au Jort, en mars 2021. D'autant plus qu'il a toujours réitéré son engagement à réhabiliter les martyrs et blessés des institutions sécuritaires et militaires. Autant dire, Saïed a affirmé qu'il fait de ce dossier, qui traîne encore en longueur, une de ses priorités. Pas plus tard qu'avant-hier, il a, par ailleurs, souligné la nécessité de statuer, définitivement, sur pareilles affaires qui demeurent encore dans l'impasse, depuis plus d'une décennie.

Cette nouvelle volonté politique manifestée a dû ainsi cristalliser l'idée d'indemnisation et de prise en charge des victimes des opérations terroristes, parmi les différentes unités de nos forces armées, mais aussi les ayants droit des blessés et martyrs de la révolution. Suite à quoi, la fondation «Fida» vient d'être créée, il y a plus d'une année, en vertu du décret- loi 2022-20. Mais, elle n'a pris ses fonctions qu'au début de juin dernier. Retour sur cette institution de prise en charge sur laquelle les familles des victimes comptent beaucoup. Demain, on y reviendra.

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