À Madagascar, les consommateurs regardent avec inquiétude le prix du riz grimper ces derniers jours. Cette tendance, classique en période de soudure, alarme cette fois-ci plus que d'habitude. Dans certaines étales de la capitale, le prix de la denrée - consommée trois fois par jour par la plupart des ménages -, a déjà atteint le seuil symbolique de 1 000 ariary le kapoaka, soit les 285 grammes. Dans les stands du quartier d'Anosy à Antananarivo, la débrouille règne entre consommateurs et vendeurs.
La nouvelle a pris de court la clientèle de Mbolatiana. Comme cette jeune femme venue faire le plein pour douze personnes : pas d'autre choix que de renoncer au riz local pour du Vary Stock, une variété importée de basse qualité, qui a l'avantage de gonfler à la cuisson.
« Pour elle, je le vends au prix d'avant la hausse, je récupèrerai la différence plus tard, explique le vendeur Mbolatiana. Elle achète ici tous les jours et cette hausse l'a surprise ! Cette différence permet d'acheter des allumettes, du petit bois... Les gens sont pauvres, chaque ariary compte, même pour deux kapoaka ! »
Au même moment, une autre cliente tend l'oreille, voulant intervenir. « J'ai acheté 10 kapoaka, mais c'est pour toute une semaine, s'indigne la dame. D'habitude, on fait cuire deux kapoaka à chaque repas, mais on est passé à un et demi. Ce n'est pas juste, il faut passer le message à notre président ! »
Au stand de Jean-Claude, les étiquettes donnent le tournis. 1 000 ariary le kapoaka de riz blanc local makalioka. Même chose pour le très prisé vary Gasy. Ce commerçant, lui, craint surtout les prochaines semaines : « Je ne veux pas prédire le pire, mais nous ne sommes qu'au début de la période de soudure. Cela peut encore grimper jusqu'à 1 500 ariary le kapoaka. Pour l'instant, le peuple se tait encore, il subit. Si tu acceptes tant mieux, sinon tant pis pour toi. »
Dans les allées du marché d'Anosy, on se souvient que le président Andry Rajoelina, tout juste réélu, a placé le riz au coeur de sa dernière campagne. Comme cinq ans plus tôt, en promettant l'autosuffisance, encore loin d'être atteinte à ce jour. La Grande-Île importe toujours l'équivalent de 20 % de sa consommation annuelle en riz.