À Madagascar, une lanceuse d'alerte est en garde à vue pour la deuxième fois en moins d'un mois à Sambava dans le nord du pays. Nathassa Razafiarisoa est en liberté provisoire actuellement, mais beaucoup de lanceurs d'alerte et de défenseurs des droits humains sont ciblés en ce moment sur la Grande Ile. Explications.
Nathassa Razafiarisoa a été déférée au tribunal d'Antalaha fin novembre puis remise en liberté provisoire. Elle est la présidente d'une association de défense des droits humains dans la région de la Sava. Elle conseille les habitants d'un quartier de Sambava, qui ont porté plainte, après la destruction de leur maison, dont ils se disent propriétaires.
C'est un cas emblématique des conflits fonciers qui se multiplient sur la Grande Ile : un quartier très modeste près d'un bras de mer, à Sambava. Les habitants de Marotsiazo ont acheté leur lot en 2010 et même payé des impôts fonciers. Mais, en 2017, un particulier réclame tout le terrain, soit 23 hectares. Et la justice donne raison à l'homme d'affaires, en première instance, en appel et finalement en cassation l'an dernier.
Depuis quelques semaines, des maisons sont détruites sans préavis, et les jeunes du quartier sont accusés d'infractions pénales, de même que leur voisine, la lanceuse d'alerte Nathassa Razafiarisoa qui tente de les défendre.
Le problème, estime Mamy Rakotondrainibe, présidente du Collectif pour la défense des terres malgaches, vient de la difficulté d'obtenir un titre légal de propriété. « Pour avoir un titre foncier, il y a vingt étapes, il y a beaucoup de corruption donc il faut payer beaucoup plus que ce qui est (dû) donc beaucoup de gens n'ont pas de titre foncier. ». Les autorités doivent agir, insiste Mamy Rakotondrainibe au micro de Claire Fages de la rédaction Afrique, pour résoudre ce type de conflit, « ils ne vont quand même pas arrêter tout le monde ! ».
Une nouvelle loi foncière a été votée en juin 2021 et elle est l'objet de critiques de la part d'organisations de défense des paysans. De nombreux autres conflits fonciers seraient en germe à Sambava et les représentants des Nations unies sur place notent que beaucoup de lanceurs d'alerte et de défenseurs des droits humains sont ciblés en ce moment sur la Grande Ile.