Madagascar: Communales à Tana - Un danger pour le régime

Cette semaine, la CENI a laissé entendre que les deux échéances électorales devraient avoir lieu entre mars et juin 2024.

Les dés sont jetés en ce qui concerne l'élection présidentielle. Andry Rajoelina a été élu au premier tour avec un score de 58,96% des suffrages exprimés. Sa réélection bénéficie d'ailleurs d'une reconnaissance incontestable et incontestée de la Communauté internationale. Depuis le 1er décembre, date de la proclamation des résultats officiels par la Haute Cour Constitutionnelle, les messages de félicitation à l'endroit du nouveau chef d'Etat fusent de partout, notamment de la part du président américain Joe Biden jusqu'au président de la République mauricien, en passant par le président chinois, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations-Unies, le président de l'Union africaine, celui de la SADC, et la Secrétaire générale de l'Organisation Internationale de la Francophonie. À souligner toutefois l'absence remarquable et très remarquée d'une lettre de félicitations venant du président français Emmanuel Macron.

Du côté de l'Arena Ivandry, on s'active dans les préparatifs en vue de la cérémonie de prestation de serment du président de la République nouvellement élu qui aura lieu ce samedi au Kianja Barea Mahamasina. Le clan Volomboasary prévoit une cérémonie en grandes pompes. D'après les informations, 7 chefs d'Etat et 4 délégations officielles sont attendus à Tana pour cet évènement.

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Au vu de cette forte mobilisation internationale, on peut affirmer que le projet de contestation électorale prévu par le Collectif des candidats n'a aucune chance d'aboutir. D'autant plus que depuis quelques temps, la solidarité commence à s'effriter entre les Marc Ravalomanana, Roland Ratsiraka, Hajo Andrianainarivelo, Tahina Razafinjoelina, Andry Raobelina, Paraina Auguste, Brunelle Razafitsiandraofa, Hery Rajaonarimampianina et consorts.

Majorité

Bon nombre d'observateurs estiment que maintenant que la réélection d'Andry Rajoelina est créditée d'une reconnaissance internationale, tous les états-majors politiques devraient désormais tourner la page et se projeter vers les élections communales et législatives en vue. Cette semaine, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) a laissé entendre que ces deux échéances électorales devraient avoir lieu entre mars et juin 2024.

Au lieu de perdre du temps à tergiverser et à s'attarder sur cette présidentielle déjà gagnée haut la main par le TGV, l'opposition devrait plutôt songer à mettre en place une stratégie efficace pour obtenir la majorité à l'Assemblée nationale et rafler le maximum de maires à travers Madagascar. Mais l'opposition parviendra-t-elle à présenter une liste unique lors de ces scrutins ? C'est la question qui se pose.

Retour en force

L'enjeu est particulièrement énorme en ce qui concerne la course à la Mairie de Tana. En effet, les élections communales à Antananarivo présentent un énorme danger pour le régime Rajoelina. Nul n'ignore que pendant les cinq prochaines années, l'opposition tentera, par tous les moyens, de fragiliser le pouvoir et même de renverser le régime à la moindre occasion. D'après les informations, il n'est pas impossible que l'ancien président Marc Ravalomanana, candidat malheureux de la dernière présidentielle, se porte candidat aux prochaines élections communales au niveau de la Commune Urbaine d'Antananarivo. Avec son électorat au coeur de la Ville des mille, « Dada » a de fortes chances de gagner ces scrutins. L'histoire a déjà démontré que lorsque le maire de la CUA est issu de l'opposition, la cohabitation avec le régime en place est difficile voire impossible et cela engendre de hauts risques de troubles. Ce fut le cas sous la deuxième République lorsque Marc Ravalomanana est élu maire de la Capitale au détriment du régime Ratsiraka, puis en 2008 quand Andry Rajoelina est élu Premier magistrat de la ville. On sait d'ailleurs que le bilan de ceux qui dirigent actuellement la Commune Urbaine d'Antananarivo est un peu mitigé, avec notamment les ordures qui s'entassent dans plusieurs quartiers. Pour éviter un revers électoral, les partisans du « Isika Rehetra Miaraka Amin'i Andry Rajoelina » devraient prendre au sérieux ce danger qui plane par rapport à un possible retour en force de Ravalo.

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