Tunisie: Fondation «Fida» - Quel statut, quelle mission ?

15 Décembre 2023

Cette bâtisse est censée réaliser ce que l'IVD n'a pu faire

L'objectif étant, certes, la préservation de la mémoire de nos martyrs, leur réhabilitation et dédommagement, le dévoilement de la vérité, ainsi que la reddition des comptes et le jugement des coupables.

Après l'IVD, la fameuse défunte Instance vérité et dignité, qui a fini en queue de poisson, c'est au tour de la Fondation «Fida» qui ne devrait, surtout pas, lui emboîter le pas. Celle-ci n'a pas le droit de se tromper de vocation et des objectifs pour lesquels elle a été créée.

Ceci étant, afin de mettre un terme aux souffrances physiques et morales qu'éprouvent, jusqu'ici, de nombreuses familles des martyrs et blessés de la révolution, tout en leur apportant assistance et accompagnement. Sauf que cette institution «Fida», lancée en vertu d'un décret-loi publié au Jort le 9 avril 2022, est toute récente, n'ayant pris ses fonctions qu'après plus d'une année, soit vers mi-juin dernier. Elle est à ses débuts.

Pleins feux sur Fida

Mais, qu'est-ce que la fondation «Fida» ? Quel statut, quelle mission? Depuis 2011, l'on s'attendait, au fil des mois et des ans, à ce que beaucoup de dossiers, notamment sociaux, soient parfaitement résolus. D'autant plus qu'ils auraient dû figurer à l'ordre du jour de l'agenda politique. Mais ce n'est pas le cas. Le dossier des martyrs et blessés de la révolution n'a jamais été considéré comme une question prioritaire. Au contraire, il semble buter sur de nombreux écueils. Aucun gouvernement post-révolution n'a osé y penser et décider des choix et mécanismes d'exécution.

%

En fait, «Fida» n'est ni un parti politique ni une association civile, et encore moins une instance provisoire à durée limitée. Son cadre juridique la définit en tant qu'établissement public à caractère administratif qui obéit aux exigences d'impartialité et de continuité. Le décret n° 2022- 957 du 22 décembre 2022 porte sur son organisation administrative et financière, ainsi que sur son mode de fonctionnement. D'autant plus que l'institution «Fida» est sous la tutelle de la présidence de la République.

Il lui est attribué la prise en charge des victimes des attaques terroristes, parmi nos forces armées, mais aussi les martyrs et blessés de la révolution. «Elle vient en aide à tous, sans discrimination aucune», relève son président Ahmed Jaâfar.

De même, lui sont confiés l'aide et l'accompagnement requis. Tout se gère selon une base de données créée à cet effet. L'objectif étant, certes, la préservation de la mémoire de nos martyrs, leur réhabilitation et dédommagement, le dévoilement de la vérité, ainsi que la reddition des comptes et le jugement des coupables. Afin que ce qui s'est passé au temps de la révolution ne se reproduise jamais et qu'on puisse en tirer les enseignements.

Bilan en si peu de temps

En moins de six mois, «Fida» semble avoir fait preuve de dynamisme et de coaction : «Soit près de 240 auditions et réunions ont été organisées, sans être filmées, avec les familles des victimes. Ces rencontres ont eu lieu loin de toute intention d'instrumentalisation ou manipulation...», lit-on dans le document de présentation de ladite fondation. D'un autre côté, des séances de travail ont eu lieu avec des représentants des ministères partenaires.

D'autres objectifs primordiaux, la restauration du prestige de l'Etat et le rétablissement de sa confiance, en passant des mentalités de protestation à la culture de l'édification. Il s'agit, également, de consacrer le principe du mérite et le recouvrement des droits, ainsi que la nécessité de rétablir la dignité des martyrs et blessés de la révolution. Parmi les dispositions prévues, le décret indique que les victimes auront droit à des logements sociaux à condition que le préjudice corporel dépasse les 50% et qu'elles ne soient pas propriétaires. Elles bénéficieront de la gratuité des soins de santé et du transport.

Les enfants des martyrs, quant à eux, auront droit à une bourse d'étude.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.