Thiès — L'Association de la presse locale de Thiès (APL) a ouvert, jeudi, sa manifestation dénommée "72 heures de la presse locale » par un atelier sur la couverture médiatique de l'élection présidentielle du 25 février prochain, a constaté l'APS.
Pour la présidente de l'APL, Khady Youm, cette formation permettra notamment à la jeune génération de journalistes d'assurer une "bonne couverture » de cette élection à grand enjeu, caractérisée par cette particularité que le président sortant ne sera pas candidat à sa propre succession.
Evoquant les tensions et violences qui marquent souvent une élection présidentielle, et qui n'épargnent pas les hommes de média, la journaliste de la station radio locale de la RTS a invité ses confrères au respect de l'éthique et de la déontologie et à "ne pas céder à la manipulation ».
"Ces 72 heures de la presse sont aussi une occasion, a dit Khady Youm, de poser la problématique de l'émigration clandestine. » Un forum des entreprises qui s'est tenu dans l'après-midi a justement planché sur cette question, pour explorer des pistes de solution au phénomène.
L'APL entend mettre sur pied une mutuelle de santé au profit notamment des acteurs des médias locaux ne bénéficiant pas de prise en charge médicale dans leurs organes respectifs, a-t-elle annoncé.
"Vous êtes dans la continuité de ce que le CNRA a engagé » et entend poursuivre dans plusieurs régions du pays, s'est réjoui le journaliste Ibrahima Bakhoum, qui était venu représenter le Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA).
Il a, dans la foulée de la responsable de l'association de la presse locale, souligné le "défi » que représente la couverture médiatique de la présidentielle. "On ne demande pas aux médias de fermer leurs portes aux politiques - ce n'est pas possible - mais au moins dans la pratique, évitez une fréquentation assidue, pouvant vous transformer en agent de propagande pour un camp contre un autre », a-t-il conseillé.
"Le CNRA est très vigilant sur ces questions-là », a assuré M. Bakhoum, rappelant que dans quelques jours avec le démarrage de la période de pré-campagne, cette instance de régulation prêtera plus attention aux messages diffusés par les médias, et relevant de la "propagande déguisée » aux yeux de la loi.
Lors de la campagne électorale, il s'intéressera à tous les supports, au-delà de l'audiovisuel qui est principal objet, a-t-il encore rappelé.
"A quatre mois de l'échéance qui nous attend en février, adresser la question de la responsabilité du journaliste et de la presse lors de ces joutes importantes (...), vous ne pouviez être mieux inspirée, Madame la présidente », a dit le gouverneur de Thiès Mamadou Oumar Baldé, qui présidait la cérémonie qui a eu dans la salle de conférence de la Gouvernance.
"Vous jouez un rôle déterminant dans la stabilité de notre cher Sénégal », a dit le gouverneur saluant la présence de doyens de la presse à cette rencontre.
Pour M. Baldé, "le journaliste a le double pouvoir de faire glisser son pays vers les abimes de l'incertitude et de la violence, comme il peut avoir une posture de haute responsabilité dans le travail de la stabilité et de la paix sociale".
"De manière générale, nous devons être fiers de la presse sénégalaise", a lancé le chef de l'exécutif local, qui s'est félicité de ce qu' "elle a rarement accepté de basculer dans l'irresponsabilité qui peut être fatale à la stabilité de notre pays".
"Vous êtes à la croisée des chemins à un moment où les enjeux sont importants, les acteurs divers, chacun à la poursuite de son intérêt personnel et partisan », a-t-il lancé aux journalistes.
Soulignant que les journalistes sont "fragiles, surtout face au pouvoir de l'argent », il a noté que lors de telles échéances, ils se voient proposer de l'argent pour "détruire autrui ». "Si vous le faites, vous vous êtes trahis et vous avez trahi votre mission », a prévenu Baldé.
"Restons sereins, aimons notre pays et, de manière quotidienne, posons des actions qui contribuent à sa paix, à sa stabilité et à son développement », a-t-il préconisé.
Mamadou Oumar Baldé s'est engagé à "traiter avec la plus grande diligence », en relation avec les techniciens en charge de la question, le projet de création d'une mutuelle de santé des journalistes.
Certains doyens de la presse comme Mbaye Samb du quotidien L'As, Cheikh Diop de la RTS, Mbaye Sarr Diakhaté du quotidien national Le Soleil ont partagé leur expérience de la couverture d'une présidentielle, en donnant des conseils pratiques aux jeunes générations. C'était aussi le cas de Mamadou Ndiéguène Lô, un ancien de la RTS, maintenant responsable d'une école de journalisme et de Babacar Diop, un ancien de l'APS.
Les activités de ces journées de la presse qui se poursuivent jusqu'à samedi, autour du thème "La presse face aux défis de la présidentielle », incluent un don de sang, en relation avec la zone militaire, une randonnée, un panel politique devant aboutir à un appel à une élection apaisée et enfin à un gala lors duquel seront primés les lauréat d'un concours de reportage sur l'émigration, à l'intention des élèves des écoles de journalisme.