Madagascar: Assemblée nationale - Législature marquée par une tension au sein de la majorité

Le rideau va tomber aujourd'hui pour la session ordinaire du Parlement. La fin de cette législature, qui approche également, s'annonce comme le point d'orgue d'une période tumultueuse au sein de la majorité présidentielle.

Dès le mois de décembre de l'année dernière, des fissures étaient apparentes au sein de la majorité présidentielle. Les séances habituelles de face-à-face, constituant des « moyens d'information du Parlement à l'égard de l'action gouvernementale » selon l'article 102 de la Constitution, n'ont pas eu lieu à deux reprises. Une évaluation orale de l'exécutif a échoué, mettant en lumière une relation tendue entre le gouvernement et les députés. Les tentatives de destitution du gouvernement de Christian Ntsay ont émaillé la dernière session de 2022, avec une motion mort-née et des appels à la démission du Premier ministre. Les face-à-face attendus en décembre 2022 et en cette session qui va se terminer ont finalement été avortés, laissant planer une tension persistante.

Défection

Au cours de cette législature, la majorité présidentielle s'est transformée en une pépinière d'ambitieux politiques cherchant à s'affirmer. Un exemple notable est celui de Siteny Randrianasoloniaiko, initialement affilié à l'IRD, qui a pris ses distances pour créer son propre mouvement en vue de la course à Iavoloha. Mihava Tour est né. Cette défection illustre la volonté de certains membres de la majorité présidentielle de se distancer pour établir de nouvelles bases et tenter de briguer la présidence de la République, une entreprise dans laquelle Siteny Randrianasoloniaiko a échoué lors de l'élection présidentielle.

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Allégeances politiques

Une autre défection marquante est celle de Christine Razanamahasoa, qui a quitté l'IRD au sein de l'Assemblée nationale. Son absence de soutien à Andry Rajoelina lors du scrutin du 16 novembre dernier a suscité les critiques des députés de l'IRD. Ce départ souligne les divergences croissantes au sein du parti présidentiel. Kearon Idealson, réputé pour ses changements d'allégeances politiques, quant à lui, a également quitté l'IRD pour rejoindre le mouvement Mihava Tour de Siteny Randrianasoloniaiko. Anciennement soutien de Hery Rajaonarimampianina lors des élections de 2013, ce magistrat de carrière était devenu un fervent partisan de Andry Rajoelina depuis 2018. Son revirement à quelques mois des élections de novembre témoigne des bouleversements au sein de la majorité présidentielle.

Dynamique politique

Le départ de Kearon Idealson semble symptomatique de la détérioration continue de la majorité à l'Assemblée nationale. Plusieurs députés, parmi lesquels Siteny Randrianasoloniaiko, Jean Jacques Rabenirina, et Mohamad Ahmad, ont tracé le chemin de la dissidence au sein du camp présidentiel, créant ainsi une dynamique de scission au sein de la coalition au pouvoir. En effet, la fin de la session du Parlement marque non seulement la clôture d'une période législative mouvementée mais également le début d'une nouvelle phase politique où les tensions et les dissensions internes pourraient influencer la dynamique politique dans les mois à venir.

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