Driss Lachguar : De par l'hégémonisme de l'Exécutif, l' opposition se trouve privée d' exercer ses droits constitutionnels dont même celui de constituer une commission d' enquête
Nabil Benabdellah : Le gouvernement actuel est incapable d'assumer la gestion de cette étape et répondre aux vraies attentes du peuple marocain
Le Premier secrétaire de l'USFP, Driss Lachguar, et le Secrétaire général du PPS, Nabil Benabdellah, ont scellé vendredi 15 décembre 2023 une alliance dont les objectifs consistent à défendre les causes de la Nation, préserver les acquis réalisés via les luttes des forces progressistes et démocratiques (notamment l'USFP et le PPS), et à faire face à la domination de la majorité gouvernementale portant atteinte aux équilibres entre les institutions dans notre pays.
Lors de cette rencontre tenue au siège central de l'USFP à Rabat entre les bureaux politiques de l'USFP et du PPS, Driss Lachguar et Nabil Benabdellah ont signé la Déclaration politique conjointe entre les deux partis.
«Les acquis importants que notre pays a accumulés pour clore définitivement le dossier de notre unité territoriale, et l'escalade des manoeuvres des ennemis de notre pays, nécessitent, entre autres, la poursuite de l'effort national en matière de défense de l'intégrité territoriale de notre pays dans les meilleures conditions et du renforcement du front intérieur démocratiquement et économiquement», lit-on dans ce document historique paraphé par les deux leaders devant les caméras de plusieurs médias.
Les deux partis ont souligné que les résultats des élections électorales de 2021, au niveau national et la formation des conseils des collectivités territoriales, avec des méthodes et pratiques corrompues, ont fortement nui à la vie institutionnelle dans notre pays.
«Ce qui nous a poussés à entreprendre cette initiative, ce sont les déséquilibres dont on est témoin depuis la formation du gouvernement actuel», a affirmé, d'emblée, le dirigeant ittihadi lors de cette rencontre. Et de préciser que ce gouvernement impose sa domination sur toutes les institutions du pays (Parlement, collectivités territoriales) et le hic, selon Driss Lachguar, c'est que l'Exécutif manque de cohésion entre les trois formations politiques le composant, ce qui impacte la gestion de la chose publique.
En ce sens, Driss Lachguar a mis en garde contre l'hégémonisme des partis de la majorité gouvernementale, car cela porte atteinte aux équilibres entre les institutions dans notre pays.
Selon lui, l'opposition est privée d'exercer ses droits constitutionnels et n'a même pas le droit de constituer une commission d'enquête. Le dirigeant ittihadi a rappelé le discours de S.M le Roi Mohammed VI lors de l'ouverture de la première session de la troisième année législative de la 9ème législature en 2013 dans lequel le Souverain a appelé «à l'adoption du statut de l'opposition parlementaire, afin que celle-ci puisse remplir son rôle de contrôle de l'action gouvernementale, de formulation d'une critique constructive et de présentation de propositions et d'alternatives réalistes, au service des intérêts supérieurs de la nation».
Il a également rappelé que le PPS était représenté dans le Parlement des années 70 par un seul député, à savoir feu Ali Yata, et que l'USFP en disposait de 12, et pourtant, Feu S.M Hassan II tenait à ce que l'opposition, faible numériquement, soit représentée dans toutes les délégations et missions à l'étranger. « J'ai consulté récemment le site du Parlement et je me suis rendu compte qu'aucun membre des groupes de l'opposition ne figure dans la délégation marocaine qui a visité ces derniers jours Genève», a déploré le dirigeant ittihadi.
Dans ce contexte, le Premier secrétaire a appelé à la constitution d'un front fort pour rétablir l'équilibre institutionnel et faire face à l'hégémonisme du gouvernement et de sa majorité, soulignant que cette alliance scellée avec le PPS reste ouverte à toutes les forces de gauche, à toutes les centrales syndicales, aux groupes parlementaires et aux associations de la société civile.
Pour sa part, Nabil Benabdellah a tiré à boulets rouges sur le gouvernement. «Le gouvernement actuel est trop faible pour assumer la gestion de cette étape et répondre aux attentes du peuple marocain», a-t-il déclaré. Pour preuve, l'Exécutif n'arrive même pas à résoudre la grève des enseignants qui paralyse les établissements d'enseignement dans diverses villes du Royaume.
«Le gouvernement a fait preuve de faiblesse face aux crises et dans la mise en oeuvre des questions politiques fondamentales de réforme démocratique», a souligné le Secrétaire général du PPS, notant que le Maroc a «besoin d'une voix démocratique responsable, patriotique et progressiste, à même de dire que le Maroc ne peut pas tolérer ces déviations, cette démocratie en panne. Les pratiques opportunistes dangereuses ont infiltré l'espace politique et entaché de nombreuses institutions électives ».
Et Nabil Benabdellah d'ajouter : «Nous, en tant que partis progressistes, ne pourrons jamais voir ce même scénario se répéter à l'horizon des élections de 2026, car cela constituerait un risque pour les institutions de notre pays et pour leur capacité à véritablement représenter les aspirations du peuple marocain».
Il a rappelé que les relations entre les deux partis remontent loin dans le temps, exhibant des documents et des correspondances datant des années 60 entre l'UNFP (l'ancêtre de l'USFP) et le Parti communiste marocain (l'ancêtre du PPS).