Madagascar: Une lanceuse d'alerte incarcérée dans le cadre d'un conflit foncier

Une lanceuse d'alerte a été incarcérée ce vendredi 15 décembre à la prison d'Antalaha dans le nord du pays. Nathassa Razafiarisoa, présidente d'une association de défense des droits humains de la région Sava conseillait les habitants d'un quartier de Sambava qui ont porté plainte, après la destruction de leur maison. Un cas emblématique des conflits fonciers et de la répression des lanceurs d'alerte sur la Grande Île.

C'est un quartier très modeste près d'un bras de mer, à Sambava. Les habitants de Marotsiazo ont pris possession d'un lot en 2010 et payé des impôts fonciers. Mais, en 2017, un particulier réclame tout le terrain, soit 23 hectares. La justice donne raison à l'homme d'affaires, en première instance, en appel et finalement en cassation l'an dernier.

Depuis quelques semaines, des maisons sont détruites sans préavis. Les habitants ont porté plainte, mais ce sont eux qui sont tour à tour incarcérés sur les plaintes de la partie adverse, celle du nouveau propriétaire. La lanceuse d'alerte Nathassa Razafiarisoa, qui tente de défendre ses voisins, et qui avait déjà été déférée au tribunal d'Antalaha le mois dernier, vient d'être placée en mandat de dépôt ce vendredi, après une deuxième garde à vue en moins de deux mois.

Les litiges fonciers sont nombreux à Madagascar. Le problème, estime Mamy Rakotondrainibe, présidente du Collectif pour la défense des terres malgaches, vient de la difficulté d'obtenir un titre légal de propriété. « Pour avoir un titre foncier, il y a vingt étapes, il y a beaucoup de corruption, donc il faut payer beaucoup plus que ce qui est (dû) donc beaucoup de gens n'ont pas de titre foncier. ».

Les autorités doivent agir, insiste Mamy Rakotondrainibe au micro de Claire Fages de la rédaction Afrique, pour résoudre ce type de conflit, « ils ne vont quand même pas arrêter tout le monde ! ». De nombreux autres conflits fonciers seraient en germe à Sambava, souligne-t-elle. Par ailleurs, les représentants des Nations unies sur place notent que beaucoup de lanceurs d'alerte et de défenseurs des droits humains sont ciblés en ce moment sur la Grande Île.

À lire aussiMadagascar: la société civile dénonce des violations de droits de l'homme dans un litige foncier

Une nouvelle loi foncière a été votée en juin 2021 et elle est l'objet de critiques de la part d'organisations de défense des paysans.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.