Congo-Brazzaville: Sicomines - Des exploitants congolais entrent en jeu

Les derniers obstacles à la participation des sous-traitants nationaux viennent d'être élagués, quinze ans après la signature d'une joint-venture entre un consortium d'entreprises chinoises et le Groupe Gécamines.

Le procès-verbal signé le 13 décembre par la Sino-Congolaise des mines (Sicomines), et acté par l'Autorité de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé (ARSP), comprend un engagement tacite à céder les activités secondaires aux sous-traitants congolais. Après ce pas décisif dans la bonne direction, il reste encore à pousser les nationaux à investir davantage dans le secteur minier.

Si le secteur minier reste à ce jour l'activité la plus structurante de la République démocratique du Congo (RDC), les nationaux ont choisi visiblement de se contenter d'être des employés. Ces propos très durs viennent d'un expert congolais, Robert Bantima, qui se dit à la fois heureux et dubitatif après l'annonce de la prise en charge de toutes les activités secondaires de Sicomines par les sous-traitants nationaux. Quoique le patron de l'ARSP, Miguel Kashal Katemb, s'est empressé de crier « Victoire », Robert Bantima préfère, pour sa part, parler simplement de la levée, très tardive d'ailleurs, de l'un des obstacles majeurs à l'entrée des nationaux dans les mines, pour le cas de la Sicomines. Beaucoup s'interrogent déjà sur la possibilité pour l'ARSP de conclûre d'autres engagements formels similaires avec les grandes entreprises minières de la RDC. Mais il s'agit d'un autre débat.

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Reconnaissant sans doute l'ampleur des étapes restantes, l'ARSP a réaffirmé très vite son intention de continuer à travailler sur le terrain pour une forte participation des Congolais dans la sous-traitance. Le plus grand défi sera la « coercition », notent déjà plusieurs experts, pour faire respecter les textes du pays. Par ailleurs, la technicité du secteur exige également que l'on prenne en compte, de manière responsable, les problèmes de manque d'expertise et de disponibilité des produits locaux pour satisfaire les besoins des entreprises minières, ajoute-t-il. Ce dernier point est d'autant crucial que l'ARSP, sur un ton ferme, a exclu d'exonérer une chaîne de valeur.

Selon Robert Bantima, le débat se situerait au niveau de cette participation des nationaux car, rappelle-t-il, tout le marché de la sous-traitance est verrouillé par les Chinois eux-mêmes. Certes, l'assainissement du cadre organisationnel représente indiscutablement une étape importante, intégrant, entre autres, l'harmonisation des vues et la signature d'un protocole d'accord entre les deux partenaires, mais il faut aujourd'hui définir une politique cohérente pour impliquer massivement les nationaux. « J'ai noté qu'il y aurait plusieurs centaines d'entreprises congolaises éligibles à la sous-traitance. Qu'allez-vous leur proposer exactement ? C'est la question majeure », a-t-il estimé.

Miguel Kashal Katemb lève un coin du voile en évoquant la nécessité de décourager tous les contrevenants et surtout d'autres sociétés où les Chinois détiennent des parts. En lieu et place des actions isolées, il devient impérieux de réfléchir sur les voies et moyens d'accompagner véritablement les entreprises congolaises. « Il faut structurer cette politique. Le Code minier revisité a tenté d'y répondre, mais il faut plus. Je vois "ce plus" en termes de reconfiguration du modèle d'investissement et des incitations de prise de participation locale. La RDC a besoin d'intensifier les investissements nationaux dans des secteurs diversifiés de la vie nationale », est-il convaincu. Au-delà, il y a aussi la fiscalité minière à revoir totalement et la promotion de la culture de l'investissement dans ce secteur.

Pour rappel, Sicomines est le fruit d'une joint-venture entre un consortium d'entreprises chinoises, à savoir la Crec (42 %), la Sinohydro (25 %) , Zhejiang Huayou (1 %), et le Groupe Générale des carrières et des mines (Gécamines,32 %) désigné par la RDC.

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