Afrique: COP 28 - Une ONG lance une compagne contre l'implantation de l'élevage industriel « polluant » en Afrique

18 Décembre 2023

World Animal Protection (WPA), une organisation internationale non-gouvernementale basée en Australie veut se mobiliser dans une vaste campagne en Afrique et qui vise à lutter contre l’industrie de l’élevage industriel, très polluante et présente dans beaucoup de pays industrialisés.

D’après l’Ong, le constat actuel est que l’élevage industriel s’implante progressivement dans certains pays en Afrique sans pour autant rien apporter comme solution dans la lutte contre l’insécurité alimentaire.

Un récent rapport du centre international  de recherche agronomique et de Coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes (Cirad) montre que les innovations par des communautés des acteurs de l’élevage en Afrique ont été moins spectaculaires que dans d’autres régions émergentes du Sud.

Alors que les projections officielles montrent que la consommation de viande par habitant en Afrique devrait passer de 19 kg par an à 26 kg par an d’ici 2050, tandis que la demande en lait devrait évoluer de 44 kg par personne et par an à 64 kg, les experts affirment que la plupart des pays ont tendance à faire recours  à l’élevage industriel pour satisfaire cette demande croissante.

S'exprimant dans un entretien en marge du sommet mondial de l'action pour le climat à Dubaï, aux Émirats arabes unis, Kelly Dent Directrice mondiale de l’engagement externe à  WPA a estimé que la réduction de la consommation de viande doit d’abord se faire dans les pays industrialisés là où il y a une tendance de consommation plus importante.

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Les récentes  estimations de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) des Nations Unies montrent que les produits d’élevage sont responsables d’une augmentation des émissions de gaz à effet de serre que la plupart des autres sources alimentaires.

Selon l’agence onusienne, ces émissions sont causées essentiellement par la production d’aliments pour animaux, la fermentation entérique, les déchets animaux et l’utilisation anarchique des terres.

Sécurité alimentaire en danger

Les experts estiment qu’apporter une assistance technique aux agriculteurs des pays en développement pour augmenter la productivité du bétail reste l’une des solutions appropriées en vue d’améliorer leurs moyens de subsistance et assurer la sécurité alimentaire, mais il faut également   développer des stratégies de résilience face au changement climatique.

Pour sa part, Dent Kelly estime que tous les acteurs dans ce secteur ont besoin de  veiller à ce que l’élevage industriel, très polluant, ne s’implante jamais en Afrique compte tenu de ses effets néfastes pour améliorer la sécurité alimentaire.

« Il faut apporter plus de soutien aux petits exploitants agri-éleveurs en Afrique,  à travers l’élaboration et l’application d’innovations agro écologiques ainsi que des régimes alimentaires traditionnels, dont nombreux fermiers  dépendent essentiellement », a-t-elle affirmé.

Alors que les données officielles montrent que l’Afrique présente des opportunités commerciales pour les producteurs, tous produits confondus, les projections de la FAO indiquent que les producteurs africains auront de plus en plus de difficulté à satisfaire la demande croissante. On prévoit que la plupart des régions augmenteront leurs importations pour satisfaire la demande croissante de produits de l’élevage.

Échec sur l’élimination des combustibles fossiles

Les anti-lobbyistes de l’élevage industriel rappellent que pour réduire la pollution provenant de ces élevages industriels, la réduction de la consommation de viande doit d’abord se faire dans les pays industrialisés.

Un communiqué  rendu publique par l’ONG World Animal Protection (WPA) à la fin de la COP  28 à Dubaï souligne que même si l’alimentation et l’agriculture sont enfin sur la table des négociations, les Parties négociateurs n'ont pas trouvé d'accord sur les modalités de mettre en place des mécanismes appropriées pour lutter contre l’élevage industriel cruel qui maintient les populations vulnérables et les animaux à la merci des aléas climatique notamment en Afrique.

« Bien que la nécessité d’abandonner les combustibles fossiles ait été reconnue et constitue un pas en avant, l’absence d’accord sur une élimination complète des combustibles fossiles lors de la COP 28 est un coup dur. Mais ce n’est pas le seul échec », a souligné Mme Kelly citée par le communiqué.

L’Ong estime, par ailleurs, qu’un financement adéquat pour permettre aux pays en développement de s’adapter aux impacts du changement climatique, y compris l’impact sur les systèmes alimentaires et agricoles, est crucial en vue d’améliorer les moyens de subsistance des populations vulnérables dans les pays en développement. « La COP 28  n’a pas tenu ses promesses ».

En marge de ces assises de Dubaï, la  présence des grandes entreprises agroalimentaires a vu la promotion de solutions alarmantes telles que la modification génétique des additifs alimentaires pour animaux et la réduction du méthane.

Au lieu de travailler en partenariat avec les agriculteurs pour obtenir les meilleurs résultats, les grandes entreprises agroalimentaires égoïstes veulent imposer ainsi leurs innovations scientifiques.

Dans un rapport publié à l’occasion, l’Ong expose comment l’élevage industriel cruel contribue à au moins 11 % des gaz à effet de serre sur le plan global.

« Les petits exploitants agricoles, en particulier dans les pays du Sud, qui contribuent aux moyens de subsistance et à la sécurité alimentaire de 1,7 milliard de personnes restent parmi les plus affectées par ces aléas climatiques ».

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