La ville de Palma, dans la province du Cabo Delgado, reprend vie petit à petit, plus de deux ans après avoir été dévastée par l'insurrection des jihadistes du groupe Ansar Al-Sunna. Ville portuaire, à quelques kilomètres du projet gazier de plus de 20 milliards de dollars de TotalEnergies, la suspension des activités du groupe pétrolier depuis l'attaque du 24 mars 2021 a affecté de nombreux commerces, notamment l'hôtel Amarula, l'un des établissements centraux pendant l'attaque, où s'était réfugiée une partie de la population.
Le jour de l'attaque des jihadistes, Mauricio Luis, barman à l'hôtel Amarula, a vu arriver près de 200 personnes venues trouver refuge dans l'établissement, dont des responsables locaux et des sous-traitants de Total, espérant être secourues par hélicoptère. « Après trois jours dans l'hôtel, on s'est dit que l'hélicoptère n'allait pas revenir et on craignait que les terroristes nous attaquent, alors on a décidé de partir, et on s'est enfui, car la situation devenait trop dangereuse », décrit l'un d'eux.
De nombreuses personnes ont été tuées dans le convoi en prenant la fuite. Depuis la reprise de la ville de Palma par les troupes mozambicaines et rwandaises, la gérante de l'hôtel, Ritah Lucas, restaure petit à petit son établissement. Malgré le retour au calme, les clients se font rares. « C'est une région reculée. Les entreprises qui travaillaient pour Total, les sous-traitants qui ne restaient pas dans le camp de Total à Afungi, c'est eux qui étaient nos clients principaux et qui restaient à l'hôtel. Nous dépendions tous de ces sous-traitants de Total. Donc pour l'instant, il n'y a personne », constate Ritah.
Le méga-projet d'exploitation de gaz naturel mené par TotalEnergies est à l'arrêt depuis l'attaque. Une plainte a été déposée en France en octobre contre l'entreprise pour « homicide involontaire et non-assistance à personne en danger », notamment de ses sous-traitants pendant l'assaut, des accusations rejetées par le groupe pétrolier.