Ile Maurice: Me Anshi Cootthen - Réflexion sur l'intelligence artificielle dans le contexte judiciaire

18 Décembre 2023

Détentrice d'une maîtrise en droit des affaires, cette jeune avocate compte une dizaine d'années dans le secteur financier. Ayant réussi aux examens du barreau à Maurice en 2021 et après un an de «pupillage» sous la supervision de Me Gavin Glover, Senior Counsel et deux autres avocats, Me Anshi Cootthen a prêté serment le 29 septembre 2023. Toutefois, elle a une idée très claire sur l'intelligence artificielle (IA), principalement ChatGPT. Outil ou chatbox qui est utilisé par les professionnels pour rendre leur travail plus efficace en apportant des réponses à des questions, rédigeant des textes et des e-mails, traduisant le langage naturel en code, et bien plus encore.

Même si le barreau compte un millier d'avocats, le saut dans la pratique ne s'est pas vraiment fait ressentir par Me Anshi Cootthen, habitante de Curepipe. «Pendant ces quelques mois que j'exerce comme avocate, j'ai eu l'occasion de représenter des clients au pénal ou même de les assister lors des enquêtes auprès de la police ou de l'ADSU. Je traite aussi des cas de divorce, garde de l'enfant entre autres et des plaintes au civil. Vu que j'ai de l'expérience dans le 'corporate', c'est un aspect que je n'ai pas mis de côté», raconte la jeune femme, qui dit avoir développé une passion pour le droit dès son plus jeune âge.

Croyant en l'adage de Voltaire qui dit qu'il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que condamner un innocent, Me Anshi Cootthen souhaite pouvoir apporter son soutien aux personnes en situation compliquée. «Pendant mon adolescence, j'ai moi-même côtoyé des gens dont les droits avaient été impunément bafoués et auxquels je ne suis pas restée insensible. Maintenant que je suis avocate, je souhaite aider les gens afin qu'ils connaissent et fassent valoir leurs droits», poursuit notre interlocutrice.

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Croyez-vous que l'intelligence artificielle, soit ChatGPT, fasse bon ménage avec la profession légale ou représente-t-elle un danger pour le recrutement d'avocat au sein des sociétés offshore et autres compagnies où le système peut remplacer les travaux manuels de l'avocat ? Selon Me Cootthen, l'intelligence artificielle est encore à un stade embryonnaire dans le contexte judiciaire.

Pour elle, vu que chaque affaire est individuelle, l'intervention de l'homme est essentielle. «À titre d'exemple, malgré un algorithme qui va peut-être proposer un montant de compensation possible aux regards des jurisprudences, toute la singularité du cas est toujours intéressante. Récemment, un juge fédéral au Texas a imposé des amendes à deux avocats et à un cabinet d'avocats dans un cas sans précédent dans lequel ChatGPT a été accusé d'avoir soumis des recherches juridiques fictives dans le cadre d'une réclamation. Le juge a aussi fait ressortir dans cette affaire que l'outil d'IA peut inventer des faits et il a ordonné aux avocats d'attester qu'ils n'utiliseraient pas ChatGPT ou toute autre technologie d'intelligence artificielle générative pour rédiger des mémoires juridiques.»

Du coup, l'avocate est catégorique. Les dangers sont donc bien réels mais avec l'avancement de la technologie, elle reste optimiste que l'intelligence artificielle frayera son chemin.

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