Congo-Kinshasa: Élections en RDC - Dernier jour de campagne pour les candidats et toujours des inquiétudes logistiques

Congo's December 20 election is dominated by issues including the economy and corruption in the huge Central African country of 95 million people

C'est le dernier jour de campagne en République démocratique du Congo. Le pays doit voter ce mercredi 20 décembre pour des élections générales: présidentielle, législatives et locales. La campagne s'achève à minuit et les différents candidats à la présidentielle étaient aujourd'hui encore sur le terrain.

Les candidats à la présidentielle congolaise étaient sur le terrain pour cette dernière ligne droite de campagne. Le président Félix Tshisekedi a tenu son dernier rassemblement ce lundi à Kinshasa, dans la commune de Ndjili, quartier Sainte-Thérèse.

Moïse Katumbi, son principal rival, était dans la province du Haut Katanga avec un dernier meeting à Kipuchi, ville frontalière avec la Zambie. Durant l'évènement, il a demandé aux électeurs de surveiller de près le vote et le dépouillement, même s'il faut dormir sur place. L'autre grand rival, Martin Fayulu, lui, était dans la province du Sankuru, à Lodja, puis dans la province du Lomami. Et enfin, Denis Mukwege, dont la campagne fut beaucoup plus discrète, faute de moyens, était comme Tshisekedi, à Kinshasa. Il s'est exprimé sur une radio nationale, accusant certains candidats d'être complices des agresseurs du pays, rapporte notre envoyée spéciale à Kinshasa, Alexandra Brangeon.

Tensions

Cette dernière semaine de campagne a été marquée par une vive tension et des incidents entre partisans des différents candidats. Il y a des incidents quasiment tous les jours, qui sont plus ou moins importants, mais ils indiquent que la tension est assez élevée. Samedi par exemple, des partisans de l'UDPS de Félix Tshisekedi ont incendié des véhicules pour protester contre la campagne de Moïse Katumbi à Lubumbashi. D'autres évènements ont également eu lieu à Muanda contre le meeting de Katumbi.

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Il y a également eu des clashs à Kinshasa ce week-end entre militants de l'UDPS et ceux de Martin Fayulu. Et puis il y a les candidats aussi qui ont parfois une rhétorique belliqueuse durant leur meeting, attaquant verbalement leur adversaire.

Ralliements

Outre les divisions, la campagne électorale a été aussi marquée par de nombreux ralliements. Ils étaient au départ 26 candidats, mais à deux jours du scrutin, ils ne sont plus que 19. Sept candidats sont sortis volontairement de cette course, tous en raison de ralliements, au profit du chef de l'État sortant Félix Tshisekedi ou de l'opposant Moïse Katumbi.

Trois petites candidatures ont rejoint les rangs de Félix Tshisekedi. Il s'agit de Noël Tshiani, Joëlle Bile et Patrice Majondo. Ce sont de petites candidatures, car ces trois personnalités politiques n'exercent pas actuellement de mandat. Étant donné que le camp présidentiel est déjà parti uni pour ces élections, il ne fallait effectivement pas s'attendre à de grands ralliements. Les unions se sont faites en amont avec les vice-Premiers ministres Vital Kamerhe et Jean-Pierre Bemba ou encore aux présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale Modeste Bahati et Christophe Mboso.

En face, l'opposition est arrivée plus divisée. La candidature commune souhaitée par beaucoup n'a pas eu lieu. Moïse Katumbi a obtenu quelques ralliements importants comme l'ancien Premier ministre Matata Ponyo, le député du Kasaï Delly Sesanga, l'ancien député Franck Diongo ou encore l'homme d'affaires Seth Kikuni. Mais il n'y aura pas eu d'alliance avec les deux autres poids lourds : à savoir le candidat malheureux de 2018 Martin Fayulu et le prix Nobel de la paix Denis Mukwege.

Enfin, il faut aussi noter que si 19 candidats sont encore en lice, le bulletin de vote, lui, a été figé le 18 novembre dernier avec les 26 noms. Les électeurs peuvent donc matériellement voter pour un candidat qui s'est désisté et ses voix ne vont pas aller au candidat rallié. En 2018, par exemple, Vital Kamerhe qui s'était retiré au profit de Félix Tshisekedi était arrivé tout de même arrivé 5e sur 21.

Inquiétudes sur la logistique

La Céni assure que tout sera prêt mercredi. La semaine dernière, le gouvernement a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU si la Monusco (la mission de l'ONU en RDC) pouvait l'assister avec du transport de matériel. Cependant, lundi soir, la Monusco n'avait toujours pas reçu les détails nécessaires pour lui permettre de se déployer dans le reste des provinces en dehors de sa zone opérationnelle, rapporte une source onusienne. Le pays fait quatre fois la taille de la France (2,3 millions de km2) avec très peu de routes, souvent en mauvais état. Et certaines régions, comme l'Équateur, sont difficiles d'accès.

Sur le terrain, on ne sait pas quels ont été les moyens mis à disposition de la Céni. Dimanche, le gouvernement congolais a annoncé un accord avec l'Égypte qui a accepté de prêter deux avions Hercule C30, des gros porteurs qui peuvent transporter jusqu'à 11 tonnes de matériels. On ne sait pas s'ils sont déjà arrivés. Ce lundi, deux hélicoptères prêtés par le Congo-Brazzaville sont aussi arrivés en RDC, détaille notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi. Cette aide sera de toute façon limitée concernant les hélicoptères en raison de leur autonomie en carburant.

Est-ce que tout le matériel dit sensible comme les bulletins ou les procès-verbaux sera donc disponible d'ici mercredi, le jour du vote ? Certains analystes et des observateurs sont dubitatifs. « Mais avec les avions mis à la disposition de la RDC par l'armée égyptienne, ça peut passer », ajoute un expert. Il y a quelques jours, des proches de la présidence évoquaient la possibilité pour certains centres de votes isolés - et qui n'auraient pas reçu tout le matériel - de voter avec 2 ou 3 jours de retard. Mais en tout cas, il n'y aura pas de report pour ces élections, affirment la Céni et le gouvernement.

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