Afrique de l'Est: HRW dénonce une fin de campagne sanglante en RDC

18 Décembre 2023

Human Rights Watch craint que la situation tendue ne dégénère lors élections du 20 décembre. Thomas Fessy, chercheur sur la RDC, s'exprime au micro de la DW.

En République démocratique du Congo, les élections doivent se tenir ce mercredi 20 décembre. A deux jours du scrutin, Human Rights Watch a publié ce week-end un rapport documentant les incidents à la veille du scrutin.

Dans une interview à la DW, Thomas Fessy, chercheur principal de l'ONG de défense des droits de l'Homme sur la RDC, s'inquiète notamment des violences qui pourraient entacher le processus électoral.

Thomas Fessy : La situation à la veille des élections est tendue. La campagne électorale qui se termine a été émaillée de violences.

Nous avons documenté les affrontements entre militants de partis politiques rivaux, des actes de vandalisme contre des bureaux de partis et même des cas de violences sexuelles et de morts.

Malheureusement, cette violence continue. Depuis la publication de notre rapport il y a eu des échauffourées dans plusieurs rassemblements et des blessés.

Il y a eu un mort à Fungurume (à 200 kilomètres de Lubumbashi, ndlr). Un candidat à la députation UDPS a été tué à Uvira, dans le Sud-Kivu. Un autre candidat, lui aussi affilié au parti présidentiel, a été tué dans une embuscade à Beni.

C'est une fin de campagne sanglante. Et tandis que la commission électorale doit rassurer sur les préparatifs du scrutin, ces violences risquent de menacer le déroulement du scrutin si rien n'est fait pour empêcher que cette situation déjà dangereuse ne dégénère.

DW : L'UDPS est souvent citée dans ces affaires de violence. Avez-vous eu vent de mesures prises en interne ou en tout cas, si le gouvernement a lancé des enquêtes ?

Thomas Fessy : Les partisans de l'UDPS sont en effet impliqués dans nombre d'incidents violents contre leurs rivaux, des partis de l'opposition notamment.

Un cas grave s'est produit début novembre, par exemple, alors qu'il s'agissait encore de la précampagne à Kasumbalesa, dans le sud-est du pays, des échauffourées avec les partisans d'Ensemble, le parti d'opposition de Moïse Katumbi, ont tourné au drame.

Plusieurs femmes ont été victimes de viol et d'autres violences sexuelles. Selon nos informations, aucune enquête n'a été menée. Les condamnations publiques de certaines violences doivent être accompagnées d'actions.

Il est crucial que les autorités enquêtent de manière urgente et impartiale sur tous ces incidents violents liés aux élections et poursuivent les responsables, quelle que soit leur affiliation politique.

L'impunité actuelle alimente ces violences et il ne faudrait pas qu'elles continuent pendant et après le scrutin.

Le processus électoral est un exercice relativement récent dans l'histoire de la RDC et il est vrai que les veilles d'élections jusque-là étaient assez tendues.

Des tensions, notamment dues au déficit de confiance dans les préparatifs des élections et de transparence alimentant les suspicions de mauvaises intentions de la part des dirigeants sortant.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.