Rabat, 18 déc (APS) - Un colloque scientifique axé sur le thème "Les Pionniers de la Culture arabo-islamique au Sénégal" s'est ouvert ce lundi à Rabat, à l'initiative de l'Académie du Royaume du Maroc et de l'Ambassade de la République du Sénégal auprès dudit royaume.
Les travaux ont été ouverts par l'ambassadeur du Sénégal au Maroc, Seynabou Dial, et le secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc, Abdeljelalil Lahjomri, en présence de Sénégalais vivant dans le royaume chérifien dont de nombreux étudiants.
La cérémonie a été suivie par une conférence inaugurale marquée par les communications de plusieurs chercheurs sénégalais et marocains. Elles ont été notamment introduites par le Pr Souleymane Bachir Diagne, nommé récemment membre de l'Académie du Royaume du Maroc, Ahmed Abbadi, de ladite académie, le chercheur sénégalais Mouhamadou Bamba Ndiaye et Djim Dramé, directeur du département d'Islamologie de l'Institut fondamentale d'Afrique noire (IFAN).
Ces différents universitaires et chercheurs marocains et sénégalais ont rappelé que l'islam a été très tôt introduit au Sénégal grâce aux Arabo-Berbères et au rôle fondamental joué par la première génération d'enseignants sénégalais dont l'engagement, à travers les écoles coraniques, a permis de diffuser et de consolider cette religion et la culture arabo-islamique.
L'ambassade du Sénégal à Rabat précise que ce colloque vise à revisiter, "à travers des regards croisés d'intellectuels et de chercheurs universitaires sénégalais et marocains, un pan important, jusque-là négligé par la recherche, de la culture arabo-islamique au Sénégal".
Pour l'ambassadeur du Sénégal à Rabat, »nous devons beaucoup à cette génération de leaders, d'intellectuels », qui ont »beaucoup contribué à notre diplomatie », en particulier dans son rayonnement dans le monde arabe.
Il s'agit "des premières générations d'érudits sénégalais d'expression arabe (...)", indique-t-elle dans un communiqué transmis à l'APS. Selon le texte, le colloque contribuera à "lever le voile sur les méthodes pédagogiques dont ils ont fait usage en vue de diffuser la religion musulmane dans ce pays".
Il constitue une "occasion de mettre en exergue le rôle fondamental de cette culture et de la communauté de valeurs qu'elle porte dans l'établissement et la consolidation des relations fraternelles unissant le Maroc et le Sénégal".
Organisée à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la Langue arabe, il a été mis profit pour "rendre hommage à des figures émérites de la culture arabo-islamique du Sénégal, témoins de la relation unique entre ce pays et le Royaume du Maroc".
Il s'agit de "feu le Professeur Ibrahim Mahmoud DIOP (dit Barham) et Messieurs Mohamed Lamine DIOP et Ibrahima TOURE, lauréats des Universités marocaines, finalistes du Concours international de Poésie arabe d'Abu Dhabi, respectivement, en 2020 et 2023", rappelle le communiqué.
Une longue tradition d'échanges et de brassage
Dans une note conceptuelle, l'ambassade du Sénégal souligne que "les relations séculaires unissant le Royaume du Maroc et le Sénégal sont cimentées, dans une large mesure, par les affinités culturelles et spirituelles, forgées par une longue tradition d'échanges et de brassage entre leurs populations".
"Pays africain, profondément attaché à sa négritude, le Sénégal a su, à travers le temps, assimiler la culture arabo-islamique, devenue partie intégrante de son identité", souligne-t-elle.
Elle affirme que "cette part fondamentale de l'identité sénégalaise rapproche notre Nation de nos frères Marocains, spécialement, en tout ce qui touche à la spiritualité, au soufisme et aux valeurs".
L'ambassade du Sénégal à Rabat explique que c'est dans le but de "mettre en lumière ce socle solide et précieux de la relation Maroc-Sénégal et, notamment, de mieux faire connaître ceux qui en ont établi les bases", qu'elle "propose d'organiser" le Colloque scientifique sur les pionniers de la culture arabo-islamique au Sénégal.
Mise en perspective des méthodes pédagogiques innovantes
La représentation diplomatique sénégalaise au Maroc que "l'abnégation de toute une génération d'érudits et de leaders a engendré l'éclosion d'une riche culture arabo-islamique au Sénégal, ayant produit des intellectuels de haute facture, qui ont laissé à la postérité des ouvrages dans tous les domaines de la science : théologie, spiritualité, mathématiques, astronomie, exégèse, poésie, etc,.".
Le colloque a servi de prétexte pour "mettre en perspective les méthodes pédagogiques innovantes développées par cette génération en vue de faciliter la diffusion de leur message auprès de communautés étrangères à la langue arabe".
Les initiateurs ont saisi l'occasion pour présenter l'ouvrage intitulé Fathu-l Kabîr, rédigé par un Comité de chercheurs sénégalais, essentiellement, lauréats du système d'enseignement supérieur du Maroc et qui retrace un pan important, jusque-là négligé par la recherche, de la culture arabo-islamique au Sénégal (...)", signale la note conceptuelle.
Elle précise qu"'il s'agit de la génération des pionniers de l'enseignement de la culture islamique et arabe au Sénégal qui ont réussi à relever le défi d'enraciner la culture arabo-islamique dans des terroirs parfois hostiles et à diffuser un modèle islamique fortement empreint des valeurs de tolérance et du vivre-ensemble".
Le colloque s'est tenue à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la langue arabe, célébrée le 18 décembre de chaque année.