Saint-Louis — Le Sénégal n'a que sa jeunesse et doit faire le maximum possible pour la mettre au coeur des politiques publiques de l'emploi, a plaidé la présidente de l'association Diapalanté de Saint-Louis (nord), Absa Guissé.
« Ce que je fais comme plaidoyer, c'est vraiment de mettre la jeunesse au coeur des dispositifs des politiques économiques notamment d'emploi », a-t-elle déclaré dans un entretien avec l'APS.
»Au Sénégal, nous n'avons que notre jeunesse. Si la jeunesse part (ailleurs), c'est vraiment un problème réel », a dit Mme Guissé, avant d'ajouter : « Ce qu'il faut, c'est vraiment de les insérer, pas leur faire des formations et après les laisser dans la nature ».
Elle note qu'un jeune inséré professionnellement, peut « subvenir à ses besoins, aux besoins de sa famille et en même temps il ne pense pas à partir », en allusion directe à la résurgence de l'émigration irrégulière ces dernières semaines au Sénégal.
L'association Diapalanté est engagée à faire sa part de travail dans l'insertion professionnelle des jeunes, à en croire sa présidente, selon laquelle la structure qu'elle dirige suit actuellement deux cent-dix jeunes inscrits dans « des filières innovantes » telles que la fabrication de briques de terre comprimée (BTC), mais aussi la technique de la voute nubienne (VN), le biogaz, etc.
»Ce qui est important pour nous, dans toutes nos approches, dans tous nos projets aussi, nous incluons les jeunes filles parce qu'on est vraiment en train de mettre en oeuvre l'approche genre. Et actuellement aussi on essaye d'orienter nos filles vers des filières qui, à la base, étaient confiées aux garçons, notamment la conduite de gros engins motorisés au niveau des entreprises », a-t-elle relevé.
« Il faut qu'on fasse confiance à nos jeunes, parce que ne serait-ce qu'au niveau de l'ONG Partenariat où je travaille, des fois, je reçois des CV des jeunes qui ont le doctorat mais ils ne peuvent même pas trouver de stage ». Ce qui constitue « un réel problème », parce que même les jeunes intellectuels, dit-elle, ne pensent qu'à partir.
Absa Guissé appelle en conséquence les pouvoirs publics à « revoir la politique de jeunesse » du pays, tout en prodiguant « quelques conseils à cette jeunesse qui représente l'avenir de ce pays ».
« Il faut que cette jeunesse soit consciente qu'elle est l'avenir du Sénégal et qu'actuellement, elle est vraiment le fer de lance du Sénégal, que c'est possible pour eux de rester ici au pays et de travailler », a-t-elle ajouté.
L'association Diapalanté, fondée en 2016, accompagne les jeunes de 16 à 35 ans en situation de vulnérabilité et exclus du système scolaire formel, en facilitant leur insertion professionnelle ou en les orientant vers l'auto-entreprenariat.
Diapalanté, qui intervient dans la zone nord du pays, cible les jeunes en conflit avec la loi, les fille-mères isolées, les jeunes vivant avec un handicap, les femmes sortantes de prison et les « grands talibés ».