Burkina Faso: Appel du chef de l'Etat a plus de sacrifices pour l'effort de guerre - Attention à ne pas tuer la poule aux oeufs d'or !

18 Décembre 2023

Dans son discours à la nation à l'occasion de la fête du 11- Décembre, le chef de l'Etat, le capitaine Ibrahim Traoré a annoncé de nouveaux sacrifices à consentir par les travailleurs du public et du privé pour soutenir l'effort de guerre. C'est donc dire en clair que la pression fiscale devrait augmenter en 2024 surtout que l'une des fortes convictions du chef de l'Etat qui ne manque l'occasion de le rappeler en ces termes : « c'est le peuple qui finance sa guerre ». Les Burkinabè doivent donc serrer la ceinture et cela est plus facile à dire qu'à faire, devrait-on dire.

Et pour cause. Les travailleurs, même s'ils ont réussi pour l'instant à éviter de nouvelles taxes comme ce fut pour l'Impôt unique de traitement sur le salaire (IUTS) pour soutenir la guerre de l'Agacher en 1974, croulent déjà sous le poids du renchérissement des produits de première nécessité. A titre illustratif, l'on peut indexer les prix de l'essence à la station et cela, seulement dans les zones où se produit est disponible. C'est dire que la pilule pourrait être très amère à avaler. De prime abord, l'on pourrait penser à une diminution des salaires.

Cette option, l'on pourrait cependant l'écarter du simple fait que la stagnation des salaires est déjà un énorme sacrifice consenti par les organisations sociales des travailleurs. Et si l'on prend le seul secteur de l'éducation où le retard augmente chaque jour la dette sociale des travailleurs envers la Fonction publique, en raison des retards d'avancement, l'on peut, tout de suite, imaginer que toute mesure allant dans le sens d'une diminution du pouvoir d'achat des travailleurs pourrait ouvrir un autre front dans la guerre que le Burkina Faso mène contre les attaques terroristes.

« Mais quelle est alors la marge de manoeuvre du capitaine Ibrahim Traoré », pourrait-on se demander ? La réponse pourrait se trouver dans les circulaires du Premier ministre qui, l'une invite à la rationalisation de la délocalisation des ateliers au cours de l'exercice budgétaire et l'autre invitant à faire le point des avantages des différentes catégories de travailleurs. Sur ce dernier point, l'on ne peut penser, à titre illustratif qu'aux Fonds communs (FC) qui avaient défrayé, entre-temps la chronique.

Toute remise en cause des éléments de motivation des travailleurs pourrait se traduire par une baisse de performance

Cela dit, il faut s'attendre à ce que les trous supplémentaires à créer dans la ceinture du peuple aillent dans ce sens. Cela est d'ailleurs plus probable que le contexte pour une remise en cause de ces acquis des travailleurs, notamment du ministère en charge de l'économie, est très favorable. Peu de gens, en effet, en dehors des bénéficiaires se mobiliseraient contre la suppression de ces privilèges qui créent dans la Fonction publique au Burkina Faso des stratifications sociales qui vont à l'encontre des normes établies.

Cela est d'autant plus vrai que les résultats sur le front donnent aujourd'hui toute légitimité au gouvernement pour puiser là où cela est nécessaire afin de continuer la reconquête du territoire national. « Mais attention », pourrait-on dire ! Ces éléments qui sont dans la ligne de mire du gouvernement constituent des enjeux vitaux pour l'Etat. L'on sait que l'Administration est toujours le principal bras d'action du gouvernement et toute remise en cause des éléments de motivation des travailleurs pourrait se traduire par une baisse de performance en plus de causer l'instabilité sur le front social.

Et il ne faut pas perdre de vue aussi que ce sont les recettes des travailleurs qui alimentent l'économie nationale en raison du fait que ce sont eux qui font vivre les boutiques du quartier qui, elles, en retour, alimentent l'économie nationale. Il ne faut donc pas tuer la poule aux oeuf d'or alors que de l'avis des experts, il existe encore de nombreuses niches fiscales.

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