Plusieurs réalisations prometteuses ont été enregistrées cette année, selon la FOMM (Fédération des Opérateurs Miniers Malagasy). Ce secteur pourrait transformer l'ensemble de l'économie du pays, selon son président, Yvon Haja Ralambomanana. Interview exclusive.
Midi Madagasikara (MM). Quel bilan pourriez-vous présenter pour cette année 2023 ?
Président de la FOMM
Pour 2023, plusieurs réalisations sont enregistrées. Parmi les plus importants figure le nouveau Code minier voté par le Parlement. Une partie de ce Code est déjà en vigueur, notamment en ce qui concerne les régimes spéciaux. Mais pour le reste, il faut encore attendre le décret d'application. Cette année est également marquée par les débats concernant les droits de sortie indiqués dans la loi de finances.
Grâce au Dialogue public-privé (DPP) nous avons pu expliquer les difficultés que cela pourrait engendrer. Cela a abouti à de bons résultats car cette disposition ne sera pas appliquée, selon la prochaine loi de finances en vue. En ce qui concerne l'industrie, nous avons participé à la mise en place de balises, en termes de cadres réglementaires, pour l'industrialisation de Madagascar. Il y a également de nombreuses conventions signées.
L'objectif de la FOMM est d'améliorer les produits de Madagascar et l'environnement des affaires. Nous avons noué des partenariats avec l'OIT (Organisation internationale du travail), le RMI, l'UNICEF, etc. pour élaborer un projet pilote avec les ministères en charge des Mines, de l'Industrialisation et de la Population. Dans la filière mica par exemple, une convention est déjà établie entre les entités concernées, incluant la FOMM pour que le secteur ne soit plus pointé du doigt pour des travaux mineurs et pour que Madagascar puisse mettre en avant des produits responsables.
Le pays a, par exemple, une accréditation d'or responsable. C'est ce que l'on veut faire avec les micas. En bref, la mission de la FOMM a abouti, en contribuant à la mise en place de ces balises. Maintenant, il faut oeuvrer pour leur réalisation.
MM. La FOMM est-elle satisfaite de cette situation et de ces différents compromis ?
FOMM. Certes, nous ne sommes pas satisfaits à 100%, mais il y avait des débats et de nombreuses discussions. De ce fait, il y a bien évidemment eu des concessions de part et d'autre. Et nous pouvons dire que ce qui a été conclu est la situation optimale, si on parle de terrain d'entente. Même si on n'est pas entièrement satisfait, il faut reconnaître qu'on peut travailler avec ce cadre mis en place. D'ailleurs, on ne peut plus attendre plus longtemps, car il faut avancer petit à petit.
MM. Comment voyez-vous l'avenir du secteur ?
FOMM. L'avenir est prometteur. Nous savons que la plupart des produits d'exportation de Madagascar a connu des problèmes. Mais les mines ont quand même permis de faire entrer beaucoup de devises, pour soutenir notre monnaie nationale. Si le secteur des mines n'avait pas affiché une bonne performance, cette année, le prix du dollar aurait été entre 8 000 à 9 000 ariary. En effet, ce secteur a permis de générer plus de 5 000 milliards d'ariary entre janvier et septembre de cette année, plus de 90% de taux de rapatriement.
Ce secteur pèse lourd au niveau de l'économie nationale. Compte tenu de son importance, il faut que ce secteur soit soutenu. La sortie des décrets d'application des textes de loi cités précédemment doit être accélérée. Il faut souligner que les décrets doivent suivre l'esprit de départ, car ces textes de loi émanent de nombreuses discussions et débats.
MM. Les changements politiques peuvent parfois causer des perturbations économiques. Sachant que le président de la République est réélu, pensez-vous qu'il y a des risques d'interruption de l'évolution prometteuse que vous avez évoquée ?
FOMM. Dans tous les cas, il faut maintenir le dialogue public-privé. Effectivement, les changements surviennent parfois en politique. Un haut responsable placé à un poste peut être remplacé par un autre, à tout moment. Pour nous, de grandes avancées sont déjà réalisées dans le secteur des mines. La continuité est de mise, malgré les changements, mais pour que le processus soit complètement bouclé, il faudrait que les personnes placées à tel ou tel poste maîtrisent les techniques et l'historique. Pour nous, il vaudrait mieux boucler un intervalle avant d'en ouvrir un autre.
MM. Selon vous, qu'est-ce qui reste à faire pour boucler ce fameux processus ?
FOMM. Il y a des procédures, mais nous soutenons qu'il faut procéder le plus rapidement possible à l'application des textes de loi adoptés. Il y a plus de 13 000 dossiers actuellement en attente, qu'il faudrait traiter au niveau du Ministère et du BCMM. Il y a des demandes de cession, de renouvellement, d'acquisition de permis, etc. Actuellement, il y a une petite fenêtre qui s'ouvre et qui nous a permis d'avoir ces plus de 5 000 milliards d'ariary de revenu.
Imaginez qu'on ouvre la grande porte. On pourrait au moins tripler ces revenus et ces entrées de devises pour le bien de l'économie malgache. Il y aura également d'importantes créations d'emplois. Les impacts sont réels, même au niveau des autres secteurs d'activité.