Depuis quelques temps, les personnes vivant avec le diabète peinent à suivre normalement leur traitement. Une situation due à plusieurs tensions dont la non-disponibilité de médicaments et de personnes-ressources qualifiées. Dans le cadre de son congrès, 5ème du genre, la Société sénégalaise de diabétologie, endocrinologie et nutrition (Sosedian) a offert un panel, samedi dernier, au cours duquel praticiens, communautés et décideurs se sont retrouvés pour une meilleure prise en charge du diabétique.
«Il ne faut pas que cela reste lettre morte. Il serait bon qu'ensemble, nous puissions travailler. L'accès à l'information, le public a besoin de la bonne information par rapport à ce qui se passe dans le pays, autant sur le plan politique ou autres que sur leur propre santé. On n'a pas de capital plus important que la santé», not d'emblée campé les acteurs de la prise en charge du diabète.
«Le débat sur l'accès aux traitements du diabète» a été lancé lors du congrès de la Société sénégalaise de diabétologie, endocrinologie et nutrition (Sosedian), portée par le Professeur Abdoulaye Lèye. Une préoccupation extrêmement importante car, si le traitement n'est pas à la portée des malades, cette situation peut leur être fatale.
Et dans cette situation, c'est plutôt l'accès aux médicaments antidiabétiques comme l'insuline qui pose problème. Selon les acteurs de la prise en charge du diabète, les médecins spécialistes sont disponibles sur toute l'étendue du territoire nationale. Cependant, il faut remarquer que des tensions existent très souvent dans la disponibilité de certaines molécules de prise en charge du diabète, du fait que le Sénégal n'est pas fabriquant.
Pour le professeur Saïd Nourou Diop, diabétologue, l'accès aux anti-diabétiques, aux médicaments globalement, est crucial. «Le Sénégal s'est bien battu pour que le traitement du diabète soit accessible. Cependant, l'accessibilité va avec disponibilité. Et si le médicament n'est pas disponible, même s'il n'est pas cher, il le devient à cause de sa rareté», a fait savoir le professeur Diop. Et d'ajouter : «l'officine est obligé de l'importer ailleurs, pour pouvoir le vendre. Et c'est ce qui se passe, malheureusement, de temps en temps».
Pour le professeur Diop, aujourd'hui, le diabétique voyage, il sait ce qui se passe ailleurs. Et quand il revient au Sénégal, alors qu'on lui a prescrit un médicament en France ou aux États-Unis qui n'existe pas au Sénégal, «cette situation nous pose problème, nous les praticiens. On est obligé de réadapter quelque chose que cela devrait être disponible».
Revenant sur l'efficacité des insulines, il a renseigné : «toutes les insulines sont bonnes, il y a la manière de prescrire le médicament. Il y a le choix du médecin par rapport à son patient. Il y a des médicaments, quand on les prend, on doit tenir compte des médicaments qui accompagnent aussi le patient ; il faut tenir compte de l'état du diabète : à quelle étape la maladie se situe ? Quel est l'âge du patient à qui on va le prescrire ? Est-ce qu'il a déjà des complications au niveau du coeur, des reins, des yeux ? Tous ces facteurs sont importants», fait-il savoir.
Et d'ajouter : «c'est pourquoi la disponibilité de l'ensemble de ces médicaments est important pour nos malades et nous prescripteurs parce qu'on a des choix à faire. Le diabète, c'est l'une des rares maladies pour lesquelles chaque année il y a un consensus international qui permet de pouvoir réadapter la manière de prendre en charge les malades, en fonction de leur âge, de l'évolution et de leur environnement et la durée du diabète».
Sur la tradi-thérapie, le spécialiste a soutenu qu'«il y a toujours des alternatives. Les spécialistes font les bonnes choses qui sont attendues d'eux. Aujourd'hui, on parle de tradi-therapie dans le diabète. Il y a du bon là-dedans ; mais il faut qu'on aille plus loin dans la recherche, avant de dire "nous avons des médicaments traditionnels, des plantes pour le diabète". Nous avons vu, au niveau de la Faculté de médecine, nous avons testé au moins une soixantaine de plantes dont on sait, pour la plupart, le principe actif qui joue sur le diabète. Pour découvrir un nouveau médicament, il faut 10 à 15 ans de recherches pour le mettre sur le marché, en passant les 5 étapes».