Madagascar: Marché interbancaires des devises - L'euro à 4 972 ariary, le dollar à 4 478 ariary

Le fiasco de la filière vanille figure parmi les origines de la dépréciation de la monnaie nationale.

Comme nous l'avons écrit dans notre édition de la semaine dernière, l'euro se rapproche de plus en plus de la barre des 5 000 ariary.

Contexte international

Une barre presque atteinte puisque à la clôture du marché interbancaire des devises hier l'euro était à 4 972 ariary, soit à 18 points de ce niveau qui symbolise cette dépréciation de la monnaie nationale par rapport aux devises de référence que sont l'euro et le dollar. En un mois, l'ariary a ainsi perdu 183 points par rapport à l'euro qui s'échangeait à 4 789 ariary le 17 novembre dernier. Par rapport au billet vert, l'ariary a également perdu de la valeur. Hier, le dollar affichait une parité de 4 574 ariary alors qu'il était à 4 478 ariary, il y a un mois, soit une perte de valeur de 96 points.

Les économistes attribuent cette chute de l'ariary à un contexte international particulièrement difficile à cause de la crise russo-ukrainienne et la flambée des cours du baril sur le marché international. Mais il y a également des causes internes propres à Madagascar. Parmi lesquelles figure en premier lieu la crise qu'a traversée la filière vanille, un des secteurs les plus pourvoyeurs de devises étrangères. L'on assiste actuellement à une baisse des exportations de vanille, et par conséquent une diminution des recettes tirées de ce produit qui joue un rôle non négligeable pour l'économie du pays.

Verrouillage

Malheureusement la situation risque de continuer à se dégrader si des mesures ne sont pas prises dans les meilleurs délais. Aux dernières nouvelles l'on apprend que la vanille malgache ne trouve, pour le moment, pas preneur même si les prix à l'export sont très bas. « Les prix varient entre 20 dollars et 80 dollars selon la qualité » précise un exportateur qui regrette que même à ce prix, les acteurs de la filière peinent à trouver preneurs.

« L'origine principale de cette crise de la vanille réside dans la politique de verrouillage décidée par le ministère de l'Industrialisation, du Commerce et de la Consommation », ajoute-t-il. Mais l'impact le plus palpable de cette crise de la vanille se trouve au niveau des planteurs. Dans la SAVA, par exemple, le kilo de vanille verte était vendu à 3 000 ariary. Quant à la vanille préparée, les prix varient actuellement entre 15 000 ariary et 40 000 ariary. Bien loin des 500 000 ariary prônés par le MICC au tout début de sa politique de verrouillage qui a finalement été abandonnée.

Drames sociaux

Quoiqu'il en soit, les impacts dommageables de cette erreur stratégique du département en charge de la filière s'apparentent à des drames sociaux. « Certains ménages qui vivaient bien de la culture de la vanille n'arrivent même plus à scolariser leurs enfants », témoigne un planteur qui a préféré opter momentanément pour d'autres activités. « La vanille n'est pas comme le riz que l'on peut manger si on n'a pas d'acheteurs, on est obligé de la garder », se désole-t-il.

Sans pour autant perdre complètement espoir car pour lui, tout comme pour les autres acteurs de la filière, on peut toujours trouver une solution, surtout si les responsables ne commettent pas les erreurs des dernières campagnes. En tout cas, pour la grande majorité des acteurs de la filière, la seule solution est le retour à la libéralisation. Ces acteurs se réjouissent d'ailleurs de la volonté annoncée par le président de la République Andry Rajoelina d'aller dans cette direction de la libéralisation. Une mission qui sera confiée au futur ministre de tutelle de la filière vanille.

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