C'est une initiative portée par Ludovic Tchidié, président de l'association Cœur Large. D'où des dons en denrées alimentaires et en produits de première nécessité remis le vendredi 15 décembre dernier aux pensionnaires de cette prison.
Des chants et bruits des tambours déchirent l'atmosphère vers 15heures 30 ce vendredi 15 décembre 2023 à la prison principale de Bafang. Des jeunes prisonniers et détenus font des louanges aux membres de l'association Cœur Large. Ils ont posé devant eux, plusieurs sacs de riz et sel, des cartons d'huile raffinés, des cartons de savons, une brouette et autres produits de première nécessité. Ce qui constitue un précieux sésame en ces temps ou les prix des denrées de première nécessité ont considérablement gonflé sur les marchés locaux. Ce qui, naturellement, fragilise les personnes en milieu carcéral, déjà exposées, suivant les rapports des organisations de défense des droits humains opérant au Cameroun, à une sous-alimentation et malnutrition criarde.
Place l'humanitaire au cœur de son action
Pour donc réduire cette violation du droit à l'alimentation et à la dignité de la personne détenue -édicté par Les Règles minimas de l'Organisation des Nations Unies (Onu) sur les conditions de détention autrement appelé Principes Nelson Mandela, plus d'une dizaine de personnes envoyées par Ludovic Tchidié, président de cette organisation, se sont mobilisées pour venir délivrer un message de soutien et de réconfort à l'endroit des détenus.
L'association Cœur Large place l'humanitaire au cœur de son action et plaide, selon Ludovic Tchidie, pour une réhabilitation et réinsertion sociale des détenus et prisonniers. «La grande majorité des personnes qui souffrent de la faim et de malnutrition sont des pauvres et des marginalisés qui luttent pour assurer leur survie.
Les détenus de la prison principale de Bafang font partie de cette catégorie de personnes. Il y a de nombreux innocents en prison. Ce sont des personnes comme nous autres. Ils ont droit au respect de leur dignité en tant qu'être humain. La lutte contre la faim et contre la malnutrition est, pour nous au sein de l'association Cœur Large, plus qu'un devoir moral ou qu'une question de choix », explique Frank Dimitri Ngati, l'un des émissaires de Ludovic Tchidjie au pénitencier de Bafang ce vendredi 15 décembre 2023. « Nous sommes venus ici pour apporter notre soutien de noël aux nécessiteux de la prison principale de Bafang.
Les prisonniers font partie des personnes marginalisés et stigmatises en société. Nous travaillons pour leur insertion afin qu'ils puissent en société et vivre normalement. Le prisonnier peut quitter de zéro à héro », soutient-il. Celui-ci et ses camarades sont autant engagés qu'il s'agit d'assurer et de promouvoir le droit à l'alimentation, une obligation juridiquement contraignante qui s'inscrit dans la protection des droits de l'homme.
Le droit à l'alimentation est reconnu dans la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, au titre du droit à un niveau de vie suffisant et il est consacré dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966. Il est également protégé en vertu de traités régionaux et de constitutions nationales. Portés à la défense des droits des couches sociales défavorisées et des minorités vulnérables, l'association Cœur Large tient à ce que s'inscrit dans la réalité camerounaise, les principe Onusien suivant lequel : « Tous les êtres humains, quels que soient leur race, leur couleur, leur sexe, leur langue, leur religion, leur opinion politique ou toute autre opinion, leur origine nationale ou sociale, leur fortune, leur naissance ou toute autre situation ont le droit à une alimentation suffisante et le droit d'être à l'abri de la faim.
Le droit à l'alimentation se connecte à d'autres droits
C'est ainsi que le 1er juillet dernier, Ludovic Tchidjie s'est rendu au quartier Résidence dans la commune de Banka pour mobiliser et sensibiliser les jeunes de la localité autour des valeurs défendues par son association Cœur Large. Il s'agit notamment du soutien aux orphelins, enfants de la rue, couches sociales défavorisées, déplacés internes de la crise anglophone et victimes des atrocités liées à ce conflit armé qui secoue les deux régions anglophones du Cameroun depuis sept années déjà. Le point d'ogre de cette mobilisation a été l'organisation d'un match de football entre les jeunes de ce quartier de la commune de Banka.
Quelques jours après, notamment le 05 juillet 2023, Ludovic Tchidié et ses lieutenants se sont rendus à Douala pour soutenir les pensionnaires de l'orphelinat de l'œuvre des sans voix en denrées alimentaires et en divers dons. Un mois plus tard, il est revenu à Bafang pour le même geste de générosité dans un orphelinat.
Ce bienfaiteur croit que derrière le droit à l'alimentation se connectent d'autres droits de l'homme dont le droit à la santé. Car la nutrition est un élément constitutif du droit à la santé et du droit à l'alimentation. « Quand une femme enceinte ou allaitante ne peut accéder à des aliments nutritifs, elle risque, ainsi que son enfant, de souffrir de malnutrition, même si des soins lui sont dispensés avant et après la naissance. Si un enfant est atteint de maladies diarrhéiques mais ne peut avoir accès à un traitement médical, il ne peut bénéficier d'un état nutritionnel satisfaisant, même s'il a de quoi s'alimenter », fait-on savoir au niveau de la cellule de communication de Cœur Large.
Cette association humanitaire postule aussi que le droit à la vie est lié au droit à l'alimentation du fait que lorsque des personnes ne peuvent se nourrir elles-mêmes et courent le risque de mourir d'inanition, de malnutrition ou de maladies en résultant, leur droit à la vie est également en péril. D'où une volonté de poursuivre et de pérenniser le geste posé à la prison de Bafang et ailleurs.