Au Cameroun, le magistrat militaire qui instruisait l'assassinat du journaliste Martinez Zogo a été officiellement dessaisi. Une sanction qu'on voyait venir depuis le 1er décembre quand le juge Sikati avait demandé la libération des deux principaux accusés avant de se dédire, quelques heures plus tard, invoquant une fausse ordonnance en circulation.
L'ordonnance de dessaisissement est signée par le président du tribunal militaire de Yaoundé. Il désigne par la même occasion et en remplacement du juge Sikati, le lieutenant-colonel Ndzie Pierrot Narcisse, désormais en charge de l'enquête sur ce dossier de l'assassinat de l'animateur d'Amplitude FM.
En à peine dix mois, il est ainsi le troisième juge d'instruction qui va connaître de ce dossier épineux. Le premier, Prosper Oyono Ebessa avait procédé aux inculpations des principaux accusés aujourd'hui en détention. Le deuxième, le lieutenant-colonel Sikati a conduit l'essentiel des interrogatoires et confrontations des accusés. Il restera aussi dans les mémoires comme le juge d'instruction qui a signé l'ordonnance de remise en liberté des prévenus Jean-Pierre Amougou Belinga et Maxime Eko Eko.
Cette décision controversée et finalement non exécutée lui vaut certainement aujourd'hui d'être mis de côté à la demande expresse du commissaire du gouvernement. En soutien à sa requête, le commissaire du gouvernement avance que depuis la controverse du 1er décembre, la qualité des relations entre le juge et les parties au dossier ne permet plus de poursuivre l'instruction en toute sérénité.
Il évoque une perte de confiance et une inaction du juge Sikati depuis ces événements, inaction finalement préjudiciable à la sérénité de l'information judiciaire, soutient-il. Me Charles Tchoungang, qui conduit le collectif des avocats de Jean-Pierre Amougou Belinga, contacté par RFI, a dit ne rien avoir contre la nomination d'un nouveau juge dans ce dossier, indiquant qu'il s'agit des procédures internes au tribunal militaire. En revanche, il a dit n'attendre que le respect des procédures.