Afrique: Le conseil d'administration du FMI conclut les consultations annuelles concernant les politiques communes de la CEMAC et les politiques communes en appui aux programmes de réformes des pays membres

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Washington: Le 18 décembre 2023, le conseil d'administration du FMI a conclu les consultations annuelles avec la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) sur les politiques communes des pays membres et les politiques communes en appui aux programmes de réformes de ces pays[1].

La reprise économique dans la CEMAC s'est raffermie en 2022, soutenue par la hausse des cours des hydrocarbures, et la croissance du PIB réel s'est accélérée à 3,0 %. La position extérieure s'est renforcée, avec une accumulation rapide des réserves de change, bien qu'elles restent endeçà des niveaux adéquats. Cet élan s'est poursuivi en 2023, les cours du pétrole étant restés à un niveau relativement élevé. Les assurances régionales relatives aux avoirs extérieurs nets (AEN) fixées pour fin juin 2023 (4,47 milliards d'euros) ont été atteintes avec une marge importante (880 millions d'euros), tenant à l'augmentation continue des recettes d'exportation d'hydrocarbures et à l'amélioration des rapatriements de devises résultant d'une application plus rigoureuse de la réglementation des changes. La tendance à la hausse des AEN s'est cependant inversée au troisième trimestre de 2023, sous l'effet d'une probable détérioration des comptes courant et financier, due en partie aux effets conjugués d'une forte baisse des rapatriements de devises par le secteur public et des sorties de dividendes du secteur bancaire. L'inflation a atteint 6,7 % à la fin de 2022 et a continué de grimper au début de 2023, à mesure que les tensions sur les prix se sont amplifiées, mais d'après les estimations préliminaires, elle a reculé au deuxième trimestre de 2023.

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Les autorités régionales ont maintenu une approche de prise de décisions de politique monétaire en fonction des données, tout en continuant à faire progresser le programme de réformes. La banque centrale (BEAC) a laissé son taux directeur inchangé à 5 % lors de sa réunion de septembre 2023, après l'avoir relevé de 175 points de base au total entre novembre 2021 et mars 2023. Elle a par ailleurs resserré les conditions de refinancement des banques, en mettant fin à ses injections hebdomadaires de liquidités au titre de son guichet principal de refinancement, et en intensifiant ses opérations de ponction de liquidités. La BEAC a également continué d'enregistrer des progrès sur le plan de l'application de la réglementation des changes. La BEAC et la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) poursuivent leur examen conjoint des plans de refinancement des banques structurellement dépendantes du refinancement de la BEAC. La commission de la CEMAC a poursuivi ses consultations au titre de la surveillance régionale dans tous les pays membres, tandis que le Secrétariat permanent du Programme de réformes économiques et financières de la CEMAC (PREF-CEMAC) a poursuivi le suivi de la mise en oeuvre de la matrice d'actions des réformes structurelles de la région.

Les perspectives demeurent très incertaines et sont tributaires de la poursuite de la mise en oeuvre des réformes, conformément aux objectifs des programmes appuyés par le FMI et ses conseils en matière de surveillance. La croissance du PIB devrait ralentir à 2,6 % en 2023, principalement en raison d'une contraction de la production d'hydrocarbures. L'inflation devrait décélérer à 4,9 % d'ici la fin de 2023, avec le ralentissement de l'activité économique que devrait induire l'adoption d'une orientation plus restrictive de la politique monétaire et la baisse des prix mondiaux des denrées alimentaires, en partie compensée par l'inflation liée à l'énergie du fait des réformes des subventions aux combustibles dans certains des pays membres. Les risques qui pèsent sur les perspectives de croissance sont essentiellement orientés à la baisse notamment en raison des facteurs suivants: baisse des prix des matières premières, durcissement des conditions financières, incertitude politique accrue, dérapages budgétaires additionnels, inflation persistante, instabilité financière, lenteur sur le plan des réformes structurelles, insécurité alimentaire, conflits intérieurs et insécurité ; et chocs climatiques.

À moyen terme, la croissance devrait s'accélérer progressivement pour atteindre environ 3,5 %, principalement en raison d'un rebond dans le secteur non pétrolier, tiré par l'effet des réformes structurelles visant à améliorer la gouvernance, le climat des affaires et l'accès au financement. Il est attendu que les pays membres assainissent durablement les finances publiques à moyen terme. La dette publique devrait baisser à environ 43 % du PIB d'ici 2028, par rapport à 54 % du PIB en 2023. Après une amélioration en 2022, le solde des transactions courantes devrait baisser à - 1,9 % du PIB en 2023 puis à environ - 4 % du PIB à moyen terme. Les réserves de change brutes devraient atteindre environ 4,7 mois d'importations prospectives à moyen terme, ce qui resterait néanmoins en deçà de l'objectif d'adéquation recommandé par les services du FMI pour une union monétaire de pays riches en ressources naturelles (5 mois). Et cela en supposant que des mesures ambitieuses soient prises pour resserrer les conditions de liquidité, que les pays membres se conforment davantage à la réglementation des changes, que la discipline budgétaire soit renforcée et que les réformes structurelles s'accélèrent.

Évaluation par le conseil d'administration[2]

Les administrateurs souscrivent à l'orientation générale de l'évaluation effectuée par les services du FMI. Ils se félicitent de la poursuite du renforcement de la reprise économique et de la position extérieure de la sous-région au cours du premier semestre de cette année, dans un contexte de cours favorables des hydrocarbures. Les risques étant orientés à la baisse, les administrateurs exhortent les autorités de la CEMAC à faire preuve davantage de prudence budgétaire afin d'améliorer leur résilience aux chocs, tout en protégeant les personnes vulnérables, et soulignent la nécessité de politiques macroéconomiques prudentes afin de préserver la stabilité macroéconomique et financière.

Compte tenu des récents dérapages budgétaires, les administrateurs soulignent l'importance de réaligner les politiques économiques sur les trajectoires d'assainissement budgétaire des programmes appuyés par le FMI et ses conseils en matière de surveillance afin de renforcer la résilience aux chocs. Pour ce faire, il convient de renforcer la mobilisation des recettes fiscales non pétrolières et d'améliorer tant l'efficience que la rationalisation des dépenses, notamment en réformant les subventions énergétiques inefficaces tout en protégeant les pauvres. Les administrateurs ont également appelé au renforcement de la gestion de la dette et à la prise en compte des risques budgétaires liés aux entreprises publiques.

Les administrateurs se félicitent que la BEAC ait maintenu une approche de prise de décisions de politique monétaire en fonction des données et procédé au resserrement des conditions de liquidité. La BEAC devrait se tenir prête à resserrer davantage sa politique monétaire si nécessaire pour ancrer les anticipations d'inflation et ramener les réserves de change à des niveaux adéquats. Les administrateurs saluent la décision de la BEAC de relever à nouveau le taux d'intérêt de ses opérations de ponction de liquidités ainsi que son engagement à aligner ce taux d'intérêt sur le taux directeur dans un délai relativement court, afin de renforcer la transmission de la politique monétaire. La poursuite de l'application de la réglementation des changes de manière transparente et cohérente reste également une priorité.

Les administrateurs soulignent qu'une action collective énergique des autorités nationales et régionales s'impose pour préserver la stabilité financière. Ils exhortent les autorités régionales et nationales de la CEMAC à remédier rapidement aux entraves de longue date à la capacité de supervision de la COBAC, à appliquer rigoureusement les réglementations en cas de non-respect des règles, à résoudre résolument le problème des banques fragiles, à veiller à ce que les banques tiennent compte de manière adéquate de l'exposition souveraine et à renforcer le cadre de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Les administrateurs exhortent les autorités de la CEMAC à renforcer le cadre de surveillance ainsi que la capacité de suivi et de gestion des nouveaux risques que posent les paiements numériques.

Les administrateurs expriment à nouveau leurs préoccupations concernant l'adoption retardée du projet de mécanisme de sanctions pour les infractions aux règles de surveillance régionale et appellent les autorités à redoubler d'efforts pour qu'il soit adopté dans les meilleurs délais.

Les administrateurs rappellent l'importance d'accélérer les réformes structurelles dans les domaines de la gouvernance et de la réglementation, ce qui contribuerait à renforcer la diversification et l'inclusion économiques, ainsi que la résilience aux chocs, notamment les chocs climatiques.

Les administrateurs considèrent que la BEAC a atteint l'assurance régionale concernant les avoirs extérieurs nets à fin juin 2023 tel que fournie dans la lettre de suivi de juin 2023, reflétant notamment l'amélioration de la balance commerciale, l'augmentation des rapatriements de devises et le resserrement de la politique monétaire. Les administrateurs souscrivent à la mise à jour de l'assurance régionale concernant l'accumulation des avoirs extérieurs nets (AEN) pour fin décembre 2023 que le Gouverneur de la BEAC avait formulée dans la lettre de suivi datée de décembre 2023, ainsi qu'à l'assurance régionale concernant l'accumulation des AEN pour fin juin 2024. Ils soulignent que la mise en oeuvre de ces assurances sera essentielle pour garantir le succès des programmes appuyés par le FMI dans les pays membres de la CEMAC.

[1] Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses pays membres. Dans le contexte de ces consultations bilatérales au titre de l'article IV, les services du FMI organisent des discussions annuelles séparées avec les institutions régionales responsables des politiques communes dans quatre unions monétaires -- la zone euro, l'Union monétaire des Caraïbes orientales, l'Union économique et monétaire de l'Afrique centrale et l'Union économique et monétaire ouest-africaine. Pour chacune de ces unions monétaires, les équipes des services du FMI se rendent dans les institutions régionales responsables des politiques communes de l'union monétaire, recueillent des données économiques et financières, et s'entretiennent avec les responsables de l'union monétaire de l'évolution et des politiques économiques de l'union. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du conseil d'administration. Les discussions des services avec les institutions régionales et l'examen du rapport par le conseil d'administration font partie intégrante des consultations au titre de l'article IV avec chaque pays membre.

[2] À l'issue des délibérations, la directrice générale, en qualité de présidente du conseil d'administration, résume les vues des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités nationales. On trouvera une explication des termes convenus utilisés communément dans les résumés du conseil d'administration à l'adresse suivante : https://www.imf.org/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm

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