Dans un mémorandum interne, le président de la Banque africaine de développement (Bad) annonce le retrait de son personnel international en Ethiopie. «Chers collègues, je tiens à vous informer que la Banque a décidé de retirer de l'Éthiopie, avec effet immédiat, le personnel international de la Banque. Le bureau de la Banque en Ethiopie restera ouvert mais sous la direction d'un fonctionnaire responsable », informe le Dr Akinwumi Adesina.
Il a précisé que ces mesures n'auront pas d'incidence sur le personnel recruté localement en Ethiopie qui continuera de travailler et restera au service de la Banque. Le président Adesina ajoute que la Banque assurera son devoir de sollicitude à l'égard des membres du personnel concerné et de leurs familles. «Les décisions sus-évoquées font suite à la récente violation du protocole diplomatique et à l'agression de deux membres de notre personnel international par les forces de sécurité éthiopiennes. Plus précisément, le 31 octobre 2023, deux membres du personnel basés à Addis-Abeba ont été appréhendés de façon illégale, agressés physiquement et détenus pendant des heures, sans inculpation ni aucune explication officielle. Il s'agit là d'une violation flagrante de leurs immunités, droits et privilèges diplomatiques au titre de l'Accord entre la Banque et le pays hôte, l'Éthiopie. Dès que j'ai eu connaissance de ce grave incident, j'ai rapidement contacté le Premier ministre et la Présidente de la République fédérale démocratique d'Éthiopie, ce qui a permis la libération de nos deux collègues », a souligné le patron de la Bad.
Il rappelle que le 6 novembre, la Banque a adressé une note verbale au Gouvernement éthiopien pour demander officiellement qu'une enquête complète et transparente soit menée sur l'incident. Le 22 novembre, Akinwumi Adesina renseigne qu'il a également dépêché une délégation de haut niveau de la Banque, dirigée par la vice-présidente principale, en Éthiopie pour discuter de cette question avec les autorités et rencontrer le personnel du bureau de la Banque à Addis-Abeba, en Ethiopie. «L'évaluation de notre délégation indique que la situation n'est pas encore résolue de manière satisfaisante et ne nous permet pas d'être définitivement rassurés que tous nos employés se sentent en sécurité pour exercer leurs fonctions et se déplacer à travers le pays sans crainte de harcèlement. Nous sommes toujours particulièrement préoccupés par le fait que le gouvernement ne nous a communiqué, à ce jour, aucun rapport ni aucun détail d'enquête sur cette violation flagrante », fait savoir le président de la Bad.
Il dit avoir informé, de manière exhaustive, le Conseil d'administration de cet incident, des conclusions de la mission et des mesures de suivi de la Direction. Il tient à assurer au personnel que la Banque ne ménagera aucun effort pour garantir, en tout temps, la sécurité et la protection de leurs droits et privilèges dans l'exercice de vos fonctions.