Ile Maurice: La métamorphose citoyenne vers une démocratie plus engagée et équilibrée

20 Décembre 2023

La démocratie s'appuie invariablement sur un critère fondamental : la majorité. Cet impératif, bien que revêtu d'une sacralité indéniable, incarne à la fois la liberté individuelle d'exercer nos attributions citoyennes et l'assujettissement à une majorité sur laquelle l'individu exerce un contrôle dérisoire.

Cette majorité, convoitée par toute entité politique, demeure la passerelle vers le pouvoir. Chaque système politique démocratique s'incline devant cette majorité, déployant tous les efforts possibles pour la servir. Néanmoins, cette adhérence à la majorité constitue la limite substantielle de la démocratie. Si la majorité se résume à une agrégation d'individus aux attentes exclusivement individuelles, le système se trouve dépourvu des moyens nécessaires pour concourir authentiquement au bien commun, en d'autres termes, à l'édification de la patrie.

En se remémorant la citation éloquente de François Guizot, homme d'État français (1787-1874), sur les stratégies de conquête et de conservation du pouvoir : «Il y a deux choses qu'on ne peut ignorer longtemps : la première, c'est que la lutte pour arriver au pouvoir est une lutte acharnée ; la seconde, c'est qu'une fois qu'on est parvenu au pouvoir, on fait tout pour y rester.» Au coeur de cette lutte acharnée, les engagements des aspirants au pouvoir et les initiatives concrètes de ceux qui exercent le pouvoir convergent tous en direction de cette majorité. Actuellement à Maurice, cette majorité prend les traits de la population des retraités, des salariés touchant moins de Rs 25 000, et de la tranche d'âge de 18 à 30 ans. Les partis politiques aspirent à ce que les individus issus de ces trois groupes prennent des décisions individuelles en fonction de leur évaluation des mesures et des promesses.

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Cependant, qu'en est-il du bien commun ? Comment garantir que la majorité pense et agisse pour le bien commun, à savoir pour la patrie ? Je soutiens que la démocratie est appelée à évoluer vers un système qui confère le pouvoir à la patrie plutôt qu'à l'individu : j'intitule ce système la «patriocratie». Comprenons-nous bien : le système de la patriocratie préservera les assises de la démocratie en utilisant la majorité comme socle, mais l'innovation réside dans la formation d'une majorité qui embrasse la pensée du bien commun, c.-à-d. de la patrie.

Comment réaliser cela ? Les citoyens qui contribuent réellement à leur patrie devraient jouir d'une représentation plus substantielle lors des élections que ceux qui s'y dérobent. Ainsi, pour bénéficier d'une influence électorale accrue, les citoyens devraient, avant tout, prendre la résolution de participer activement à l'édification de la patrie et surtout, mettre cette résolution en pratique. Le système actuel pèche par son iniquité, puisque la voix électorale d'une personne préoccupée par le bien commun équivaut à celle qui demeure insouciante de sa contribution.

Pour implémenter ce nouveau paradigme patriocratique, je propose trois grandes catégories de critères :

  • La relation à soiTout citoyen s'investissant pour la patrie devrait s'atteler à maintenir une santé robuste en optant pour des activités physiques régulières.
  • La relation à l'autre

Pour concourir au bien commun, il devient impératif de participer à des activités collectives. Je préconise que le temps consacré aux activités bénévoles soit pris en considération dans l'évaluation. Une des actions bénévoles, par exemple, serait la participation à une action collective de planter un million d'arbres à travers le pays. 3) La relation aux lois sociétales

Un citoyen qui s'efforce de respecter autrui en observant la loi sera évalué positivement en vue d'une obtention de voix supplémentaires. Il nous reste maintenant, l'étape de mettre en place le système pour l'implémentation du système. Il prendra la forme suivante :

1. Registre d'engagement bénévole : Établir un registre centralisé des bénévoles ; les citoyens déclarent leurs activités, vérifiables par des organisations à but non lucratif ; un comité indépendant évalue et attribue des points en fonction du niveau d'engagement.

2. Programmes de santé publique : Encourager la participation à des programmes de bien-être et de santé ; organiser des événements communautaires liés à la santé ; évaluer la participation à des activités sportives ou des programmes de remise en forme.

3. Casier judiciaire et respect des lois : Utiliser les dossiers judiciaires officiels pour déterminer l'absence d'infractions ; des programmes d'éducation civique pour promouvoir la compréhension et le respect des lois ; campagnes de sensibilisation sur l'importance du respect des lois pour la stabilité de la société.

4. Système de points et de bonus : Établir un système de points où chaque critère mérite un certain nombre de points ; les citoyens accumulent des points au fil du temps en fonction de leurs actions et comportements ; les points supplémentaires se traduisent par des avantages électoraux.

5. Éducation civique : Intégrer l'éducation civique dès l'école pour sensibiliser les jeunes aux valeurs d'engagement, de santé et de respect des lois ; proposer des programmes de sensibilisation tout au long de la vie pour informer les citoyens sur les avantages de ces critères.

6. TransparenceAssurer la transparence dans la collecte de données et l'attribution de points ; mettre en place des mécanismes d'appel pour contester ou clarifier les décisions ; impliquer des organismes indépendants pour garantir l'intégrité du processus. Ces suggestions visent à créer un système équilibré qui encourage l'engagement, la santé et le respect des lois, tout en maintenant la transparence et l'équité dans l'attribution de voix supplémentaires aux méritants. Osons espérer.

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