Le territoire de Djugu, situé dans la province de l'Ituri au nord-est de la RDC, connait de nombreux déplacements forcés dus à une violence armée chronique. En 2021, grâce un à calme précaire, des agriculteurs sont revenus sur leurs terres. Il faut alors repartir de zéro en essayant d'oublier deux décennies de violence.
Situé à une dizaine de kilomètres de Bunia, capitale de la province, Djugu est un territoire riche de la province de l'Ituri : ses terres arables et son sous-sol regorgeant une quantité importante d'or font sa renommée. Les inégalités sociales et les conflits autour des droits fonciers ont aggravé les divisions entre communautés et généré des conflits violents. S'est ajouté le désir de groupes armés, pour la plupart formés sur une base communautaire, de contrôler les zones d'exploitation aurifère.
Les affrontements armés se sont multipliés, entrainant attaques de villages et exécutions de civils. Les hôpitaux tout comme les écoles ne sont pas épargnés réduisant presque à néant l'accès aux services sociaux de base. On estime à environ 653,500 le nombre de personnes déplacées dans la région, depuis novembre 2022.
« Même des sites de déplacés internes se font parfois attaquer avec pour conséquence de nombreux morts. Dans cette atmosphère d'insécurité, l'accès humanitaire est réduit, privant d'aide la population dans le besoin », regrette Frederik Michael Sostheim, chef de sous-délégation de Bunia.
Janvier Ngulo est un sexagénaire retourné vivre dans le village de Nizi, petite bourgade du territoire du Djugu. Cet agriculteur a assisté impuissant à l'explosion de la violence dans son village en 2002. Les évènements ont emporté une partie de sa famille. Un souvenir qu'il n'a jamais oublié.
« Cette année-là, tout Nizi a explosé. Il était difficile de compter les gens qui mouraient. J'avais beaucoup d'enfants, j'en ai perdu trois », raconte-t-il.