Congo-Kinshasa: Élections en RDC - Chronique d'un cafouillage annoncé

Il était écrit que ce jour de votes en République démocratique du Congo (RDC) serait chaotique.

44 millions d'électeurs étaient en effet convoqués aux urnes pour élire leur président, leurs députés nationaux et provinciaux ainsi que leurs conseillers municipaux, parmi quelque 100 000 candidats dont 19 prétendants à la magistrature suprême. Au nombre de ceux-ci, le président sortant Félix Tshisekedi, l'ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, le prix Nobel de la paix, Denis Mukwege et Martin Fayulu, pour ne citer que les quatre principaux.

Mais force est de reconnaître que le chemin qui mène aux urnes a été parsemé de nombreux obstacles qui se sont révélés dans toute leur ampleur en cette journée électorale du mercredi 20 décembre 2023.

La constante demeurait l'ouverture tardive de nombreux bureaux de vote. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) avait beau rappelé que les bureaux restaient ouverts jusqu'à ce que tous les électeurs puissent voter, le mal semblait déjà fait de Kinshasa à Lubumbashi en passant par Goma. A cela s'ajoutent des dysfonctionnements du dispositif électronique provoquant l'arrêt des votes; l'absence d'électeurs sur les listes électorales; et des cas de violence avec notamment des bureaux saccagés.

Rien de bien surprenant parce que la CENI faisait face à d'énormes défis logistiques pour convoyer le matériel dans les coins et recoins de ce pays-continent de 2,3 millions de km2 sans véritables infrastructures routières, de sorte que nombreux sont les acteurs et observateurs de la scène politique congolaise qui voyaient le problème venir sans pouvoir y faire grand-chose. Ce qui devait donc arriver est arrivé.

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Les bureaux de vote n'étaient pas encore fermés et la compilation n'avait pas débuté que déjà les principaux adversaires de Fatshi ont dénoncé les «irrégularités» et le «chaos» du scrutin. Martin Fayulu est même allé jusqu'à proclamer sa victoire, dénonçant le «désir» de la commission électorale «de faire passer Tshisekedi».De quoi annoncer peut-être des lendemains électoraux plutôt houleux.

Le président sortant avait pourtant fait de cette échéance électorale une affaire personnelle, lui, qui avait été élu dans des circonstance déplorables il y a 5 ans, à l'issue de «petits arrangements à l'africaine» comme avait dit l'ancien ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et qui se faisait un point d'honneur à organiser un scrutin irréprochable à tout point de vue. Hélas! Hélas! Hélas!

Mais la RDC n'a pas le monopole de ces irrégularités qui peuvent parfois cacher des fraudes. Presque tous les pays africains sont coutumiers de cet état de fait, preuve d'une sorte d'improvisation électorale. Entre deux élections présidentielles, on a au moins 4 à 5 ans, mais c'est souvent à la dernière minute qu'on se réveille comme si on avait été surpris par le timing. Dans ces conditions, comment peut-on s'étonner que les choses se passent comme ce que l'on a pu observer hier en RDC?

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